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Silence .. Trump 2 fait son grand retour

  • Abderrafie Hamdi//

Traditionnellement, la réélection d’un responsable pour un second mandat constitue un défi avant tout personnel et politique pour le candidat sortant. Celui-ci cherche à confirmer son succès, à prouver sa légitimité et à se targuer du renouvellement de la confiance du peuple dans son bilan.

Pour les électeurs et l’opinion publique, ce moment est souvent perçu comme une formalité, sans grande ferveur.
Cependant, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, cette fois en tant que 47ᵉ président des États-Unis, revêt une saveur particulière.

Sa personnalité clivante, ses discours incendiaires, ses actions et réactions imprévisibles polarisent l’opinion, au point de transformer cette réélection en une bataille acharnée.

Une bataille où toutes les « armes de destruction massive » – judiciaires, médiatiques et politiques – ont été déployées. Ce retour inédit n’a été observé qu’une seule fois dans l’histoire politique américaine, avec le démocrate Grover Cleveland, élu pour un second mandat non consécutif en 1893, sur une période de 230 ans d’élections présidentielles.

Depuis l’annonce de sa victoire le 5 novembre 2024 jusqu’à sa prise de fonction prévue le 20 janvier 2025, Trump occupe le devant de la scène internationale.

Sa vision, centrée sur la remise en question de l’ordre mondial établi, laisse présager une recomposition géopolitique et économique globale. Contrairement à Vladimir Poutine, dont l’ambition se limite à réorganiser l’Europe selon ses intérêts, ou à Xi Jinping, qui cherche à dominer l’espace asiatique,

Trump s’attaque à l’ensemble des structures héritées de l’après-1945. La politologue française Nicole Gnesotto qualifie d’ailleurs ces trois leaders de « révisionnistes », chacun cherchant à redessiner l’équilibre mondial à sa manière.

Lors de son premier mandat, Trump a remis en cause l’efficacité du multilatéralisme piloté par les Nations Unies depuis 1945. Il s’est retiré de plusieurs accords internationaux, qu’il s’agisse du climat, de la migration ou du nucléaire, et a même prôné la dissolution de certaines agences onusiennes, comme l’Organisation mondiale de la santé.

Pour ce second mandat, c’est désormais ses alliés traditionnels, plus que ses adversaires, qui semblent redouter sa politique.

L’Union européenne, dirigée depuis janvier par la Pologne, fait face à un Trump mécontent de ses volumes d’importations en provenance des États-Unis.

Le président américain menace d’augmenter les droits de douane, un coup dur pour une économie européenne déjà vacillante.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a rapidement plaidé en faveur d’une augmentation des importations de pétrole de schiste américain, dont la production atteint désormais 8,6 millions de barils par jour.

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a également suggéré que l’Europe se fournisse davantage en armement sur le marché américain.

Pendant ce temps, la France et l’Allemagne, piliers de l’Union, sont embourbées dans des crises internes, laissant le champ libre à l’extrême droite pour propager sa rhétorique haineuse.

Giorgia Meloni, Première ministre italienne et proche de Trump, incarne cette montée populiste, étant la seule dirigeante européenne à avoir été reçue par le président réélu.

Face à cette désunion européenne, Trump envisage des mesures spectaculaires, comme l’annexion du Canada, la prise de contrôle du canal de Panama ou encore l’achat du Groenland.

Ces ambitions alimentent un débat sur la menace qu’il représente, surpassant peut-être même celles posées par Poutine ou Xi Jinping.

La période de transition entre l’élection et l’investiture de Trump a été marquée par des bouleversements majeurs au Moyen-Orient.

Le régime de Bachar al-Assad est tombé, le Hezbollah a été affaibli dans le sud du Liban, et un nouveau président a été élu à Beyrouth. Pendant ce temps, l’Iran a été expulsée de la région, et la Syrie désarmée.

L’agression israélienne contre Gaza, qui a fait des milliers de victimes, semble sur le point de s’achever, avec le retour des otages israéliens et des déclarations triomphantes du Hamas proclamant « une victoire amère. »

Ce contexte rappelle étrangement le 20 janvier 1981, lorsque l’Iran libéra les otages américains détenus pendant 444 jours, le jour même de l’investiture de Ronald Reagan.

Dans ce paysage tumultueux, les droits humains semblent condamnés à l’oubli sous l’administration Trump. Ces derniers seront relégués au second plan, hormis les libertés religieuses, que le président entend placer à nouveau sous les projecteurs.

Sa vision pragmatique et transactionnelle du monde risque d’approfondir l’incertitude globale. Bien qu’il ne soit pas un homme de guerre au sens traditionnel, Trump est un maître des négociations commerciales.

Or, l’histoire nous enseigne que bon nombre des tragédies majeures de l’humanité ont une origine économique.

La réélection de Trump symbolise l’apogée d’une ère populiste. Pourtant, l’histoire, bien qu’elle connaisse des déviations, finit toujours par revenir sur ses rails.

Alors que l’Amérique se prépare à de nouvelles échéances électorales, elle ferait bien de méditer les conseils d’Henry Kissinger, qui avait mis en garde contre Richard Nixon en 1968 : « Cet homme est l’un des plus dangereux.

L’Amérique a besoin d’un leader capable de l’unir, de hiérarchiser les priorités nationales et de distinguer les véritables défis internationaux. »
Nixon est mort, Kissinger aussi, mais le souvenir du scandale du Watergate perdure.

Le retour de Trump pourrait bien écrire un nouveau chapitre de cette histoire tourmentée.

          

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