ONU: Le développement durable à l’épreuve des crises et du sous-financement

Le rapport annuel de l’ONU sur l’état d’avancement du Programme de développement durable à l’horizon 2030, publié la semaine dernière à New York, était sans concession dans son diagnostic. Seulement 35% des objectifs de développement durable (ODD) sont sur la bonne voie ou progressent modérément, tandis que près de la moitié avancent trop lentement et que 18% ont fait marche arrière.

De la lutte contre la pauvreté, la faim et le changement climatique en passant par la promotion de l’éducation, la prospérité économique, l’égalité des genres, la transition énergétique et la cause de la paix, la marche vers la consécration des fondements de la durabilité manque d’entrain et demeure otage à une incertitude exacerbée par une série de crises et un contexte géopolitique de plus en plus polarisé.

De l’avis du département des affaires sociales et économiques de l’ONU, initiateur de ce rapport annuel, le rythme du changement reste insuffisant pour atteindre les 17 objectifs de développement durable d’ici 2030, pointant du doigt une série de défis aussi complexes que diversifiés qui continuent d’entraver cette marche vers la durabilité.

En tête de ces problématiques figure l’extrême pauvreté qui affecte plus de 800 millions de personnes de par le monde, alors que deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable salubre, 2,3 milliards souffrent d’insécurité alimentaire et 3,4 milliards autres sont privés d’accès à des sanitaires adéquats.

Parmi ces défis pointe aussi le changement climatique qui a fait de 2024 l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec des températures supérieures de 1,55 °C aux niveaux préindustriels, sans perdre de vue l’exacerbation des conflits armés et leur lot de victimes qui a atteint près de 50.000 morts en 2024.

Pour le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, il s’agit là d’une urgence mondiale qui appelle un sursaut collectif et une détermination « inébranlable » de la communauté internationale pour revitaliser l’ambition de la durabilité et remettre les ODD sur les rails.

Dans cette lignée, les auteurs de cette étude appellent à agir dans six domaines prioritaires où des efforts accrus et des solutions durables peuvent générer un impact transformateur, à savoir les systèmes alimentaires, l’accès à l’énergie, la transformation numérique, l’éducation, l’emploi et la protection sociale, ainsi que l’action en faveur du climat et de la biodiversité.

Pour des observateurs et experts, ces actions ne peuvent aboutir alors que le déficit de financement annuel pour parvenir au développement durable dépasse désormais les 4.000 milliards de dollars comme l’a bien souligné le vice-président du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC), Lok Bahadur Thapa, lors d’une récente réunion à New York.

Parmi les actions nécessaires à ce décollage en matière de développement durable, le chef de l’ONU a recommandé à maintes reprises l’adoption de solutions pertinentes aux problèmes liés notamment à la dette, à la restructuration de l’architecture financière internationale, outre le triplement de la capacité de prêt des banques multilatérales de développement pour que les pays puissent accéder plus facilement aux capitaux à grande échelle et à un coût raisonnable.

Dans ce cadre, les Nations Unies misent sur le Forum politique de haut niveau sur le développement durable (FPHN) qui se tient jusqu’à jeudi à New York pour donner un nouvel élan à ces objectifs à travers une mobilisation accrue de la communauté internationale.

Marqué par un débat ministériel conjoint avec l’ECOSOC qui débutera ce lundi, le Forum ambitionne notamment de promouvoir des “solutions durables, inclusives, fondées sur la science et des données probantes pour le Programme 2030 et ses ODD afin de ne laisser personne de côté”.

Lors de ce conclave, les participants, dont des Etats membres, des organisations internationales, des partenaires du secteur privé et des représentants de la société civile, braquent les projecteurs sur l’ODD 3 (bonne santé et bien-être), l’ODD 5 (égalité entre les sexes), l’ODD 8 (travail décent et croissance économique), l’ODD 14 (vie aquatique) et l’ODD 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs).

Principale plateforme des Nations Unies sur le développement durable qui se réunit annuellement sous l’égide l’ECOSOC, le FPHN joue un rôle central dans le suivi et l’examen de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses ODD.