Maroc aujourd'hui

Maroc : Hommes et femmes de 2030

Lors du Conseil des ministres du 4 décembre 2024, l’attention était centrée sur un enjeu majeur : la préparation du Maroc pour co-organiser la Coupe du monde 2030. Cet engagement dépasse la simple candidature sportive, incarnant une véritable ambition nationale à la veille du verdict final de la FIFA.

À travers cet événement, c’est l’image d’un Maroc prêt à relever les défis mondiaux qui se dessine, conjuguant infrastructures modernes et vision stratégique.

La présentation de cette préparation, assurée par Fouzi Lekjaa, a été suivie d’interventions détaillées de plusieurs ministres lors de leurs échanges avec les parlementaires.

Le ministre Qiyouh, par exemple, affichait un sourire radieux en évoquant les projets ambitieux de l’Office national des aéroports : à l’horizon 2030, l’aéroport de Casablanca pourra accueillir à lui seul 44 millions de passagers, dépassant ainsi la capacité actuelle de tous les aéroports du pays réunis (40 millions).

Quant aux coûts financiers, ils semblent dépasser l’entendement des citoyens ordinaires.

Nizar Baraka, d’habitude si calme, a surpris par son assurance en affirmant que 35 villes bénéficieront de projets de développement en matière d’infrastructures routières, d’accès à l’eau et de réaménagements urbains, au-delà des seules villes hôtes.

De son côté, Fatim-Zahra Ammor, visiblement satisfaite, a annoncé que le gouvernement prévoit d’ajouter 150 000 lits pour renforcer la capacité d’accueil hôtelière.

Un à un, les ministres se sont succédé pour détailler une avalanche de projets prometteurs. Cependant, si la volonté de réussir et la mobilisation des ressources financières nécessaires sont indéniables, une question demeure légitime : avec quel management et quelles ressources humaines ce rêve sera-t-il réalisé ?

Cette interrogation trouve tout son sens dans l’absence d’une vision, d’une stratégie claire ou d’un plan d’action dédié à la formation des ressources humaines.

Qu’il s’agisse des décideurs, des exécutants ou de ceux en contact direct avec le public, leur rôle sera crucial. Comme l’a si bien dit Barack Obama : «Le succès ne se mesure pas par les bâtiments que nous construisons, mais par les personnes que nous inspirons et que nous préparons à exceller.»

Pour atteindre cet objectif collectif, plusieurs mesures s’imposent :

1. Renouveler le leadership
Injecter du sang neuf dans les postes de direction au sein de l’administration marocaine, notamment dans les établissements et sociétés publics en charge des projets.

Il est impératif d’écarter tout comportement ou manque de professionnalisme qui pourrait compromettre ce rêve.

2. Former les ressources humaines
Rattraper le retard dans l’élaboration d’une stratégie pour former les ressources administratives et sécuritaires en charge de l’événement de 2030.

Il est tout aussi essentiel de mobiliser et de préparer les acteurs civils, les jeunes et les femmes, qui seront au cœur de cette réussite.

Dans cette optique, s’inspirer des expériences d’autres nations est une voie à explorer sans hésitation :

• Londres (JO 2012) : Le gouvernement a lancé des programmes de formation intensifs pour les employés et les volontaires, avec un accent particulier sur la gestion des foules et l’accueil des visiteurs. Le programme “Inspire” fut un modèle en la matière.

• Brésil (Mondial 2014 et JO 2016) : Des partenariats avec les universités ont permis de former des professionnels dans les secteurs de l’hôtellerie, des transports et de la gestion des flux. Des dizaines de milliers de volontaires ont également été recrutés et formés pour assister les visiteurs internationaux.

• Afrique du Sud (Mondial 2010) : En impliquant les communautés locales, le pays a misé sur des formations en tourisme et communication interculturelle, transformant ainsi les habitants en partenaires de l’événement.

En fin de compte, le succès d’un événement mondial de cette envergure ne repose pas uniquement sur les infrastructures, mais aussi – et surtout – sur le facteur humain.

Comme l’a souligné Lee Kuan Yew, architecte de la renaissance singapourienne : «La réussite ne se construit pas avec du béton, mais avec les esprits qui planifient et les mains qui exécutent.»

Le Maroc a devant lui une opportunité historique. Transformer cette ambition en réalité dépendra de notre capacité à préparer, inspirer et mobiliser les femmes et les hommes de 2030.

          

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