Libération du littoral du Souss..Opération casse-tête mais salutaire
- Saoudi El Amalki
Depuis des lustres, les domaines publics terrestre et maritime sont squattés le long du littoral nord et sud du chef-lieu satellitaire qu’est Agadir dans la région du Souss Massa. Le foisonnement criard de constructions illicites gangrène au grand jour, en connivence criante d’élus et d’agents d’autorité, à perte de vue de la bande Atlantique, sans aucun scrupule ni impunité de la hiérarchie pyramidale.
Ce laxisme a duré des décennies, à tel point que les sites prisés surtout du balnéaire, infestés de promiscuité et de disharmonie, dégagent bien une image de désolation et d’indignation.
Il faut bien dire qu’une ribambelle de squatteurs n’est pas forcément émanante de franges sans abris qui vont en chercher dans les lieux reculés des villes enflammées par le renchérissement du foncier et de l’immobilier. Mais, ce sont à coup sûr, certains barons influents qui plantent du second domicile, pieds dans l’eau, en enfreignant les règlements en vigueur pour lesquels l’Administration civile et sécuritaire ferment les yeux, moyennant un « pot de vin » juteux selon la tête du client.
A présent, l’anarchie paraît soupirer ses ultimes convulsions puisqu’on ne pourrait pas prétendre entamer une large opération de refonte régionale, notamment à la capitale cosmopolite, sans faire accompagner une campagne d’assainissement similaire de fond en comble, des irrégularités de naguère. Comme par hasard, ces mesures fermes de nettoyage ont tout particulièrement concerné Casa et Agadir où semble-t-il, a eu le changement de Walis en vue de mettre en avant cette mission casse-tête, tout en amorçant une cavalcade de relooke tous azimuts.
Le démantèlement de décades de déchéance et de démission flagrantes en matière d’occupation de domaines publics et de transgression des lois d’urbanisme, n’est pas du tout une tâche aisée si l’on sait que des résistances issues de tous genres se dressent en pleine action de démolition. C’est ainsi que la ceinture littorale d’Imsouane, à environs 70 kilomètres au nord d’Agadir, était soumise aux coups fatals des tentacules de bulldozers afin de mettre à plat plus de 80 bâtisses en constructions jugées sans irrégulières, tout en sachant que ce lieu huppé par sa splendeur fluorescente, gagnerait davantage en sublimité si on pouvait le remonter autrement en bonne et due forme.
Il aura donc fallu convaincre ces présumés contrevenants , à travers une argumentation persuasive, sans verser dans la langue de bois ni le discours drastique. Ce ne serait que les décideurs dotés d’une profonde aura interlocutoire et usant de propos cristallin et de tempérament rassurant qui puissent tirer leur épingle du jeu de l’épreuve à la fois rigoriste et altruiste.
Ce n’est pas évident de se munir de toutes ces vertus antinomiques et s’en sortir en conciliant les deux extrêmes, avec brio ! Le vrombissement des pelleuses ne cessera que si les terrains se libèrent de la spoliation tant à Imsouane, Tifnit ou encore à Aourir, Tamrarhte, Tamaouanza, Taghazoute, Imiouaddar, Tamri…, le long desquels on pourrait enfanter des orfèvreries de belle facture.
On ne peut jamais imaginer une galaxie de stations métropolitaines, dignes d’un renouveau compétitif des consœurs mirobolantes tels Dubaï ou Costa Del Sol, sans réunir toutes les conditions optimales, à débuter par combattre de manière farouche le laisser-aller et la complaisance, tout en mettant un terme aux manies oligarchiques et rentières des « bonnets intouchables ».
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