Culture

L’économie du livre en mutation?

Les rencontres du SIEL ont réuni les différents maillons de la chaîne de production du livre, des auteurs aux éditeurs en passant par les acteurs de la distribution et de la promotion. C’est l’une des rares occasions de prendre le pouls des transformations de cette chaîne et de saisir les défis que vit ce secteur en pleine mutation

Il est difficile de restituer toute la richesse de cette manifestation en quelques lignes. Mais on ne peut s’empêcher de partager les fortes impressions ressenties lors des visites du Salon : La diversité et le pluralisme linguistique de la production marocaine, le remarquable potentiel culturel de l’Afrique, le vif et intéressant dialogue entre écrivains, éditeurs et lecteurs sur l’avenir du livre, l’enjeu complexe des mutations technologiques sur le monde de l’écriture et de la lecture, le soif de la jeunesse marocaine pour l’acquisition de la connaissance, la transformation progressive de l’école publique marocaine dans sa quête de l’universalité du savoir.

C’est le côté plein du verre. Le côté vide est ce sentiment que le livre ne se porte pas aussi bien que le souhaitent les professionnels, les auteurs et les lecteurs.

L’édition : Un paysage stable

« Le livre va mal », se lamentent volontiers quelques éditeurs. De fait, le marché du livre est étroit : moins de 2000 publications par an, une cinquantaine d’éditeurs de livres, y compris les livres scolaires, 200.000 à 250.000 acheteurs chaque année. Le dernier Rapport annuel de la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al-Saoud sur l’état de l’édition marocaine pour l’année 2022 est instructif à bien des attendus :

– Près de 1320 livres marocains ont été édités en 2022. La langue arabe est prédominante dans le secteur de l’édition, avec un peu plus de 79 % du total (0,38 % pour la langue amazighe), les publications dans les langues étrangères constituant une partie minime de la production éditoriale du pays, avec 17,42 % pour le français, 2,58 % pour l’anglais et 0,30 % pour l’espagnol

– Le segment « Création littéraire » occupe une place importante avec 18,71 % du bilan éditorial marocain. Les études juridiques arrivent en seconde position avec 18,33 % des titres, suivis par les études historiques (11,52 %). Certains domaines des sciences humaines et sociales comme l’éducation, les écrits sur l’art, la gestion ou la psychologie n’apparaissent que rarement dans les catalogues des éditeurs marocains ;

– La plupart des publications nécessitent des questions nationales : 74 % de l’ensemble porte sur le Maroc. L’Europe retient l’attention des auteurs et éditeurs dans une moindre proportion (62 titres). Les aires géographiques arabes (57 titres) et africaines (34 titres) interviennent faiblement dans l’offre totale ;

– Les textes d’auteurs marocains représentent 86,77 % du total. Les auteurs français arrivent en deuxième position avec 2,35%, suivis des Tunisiens et des Égyptiens avec 0,83 % chacun. La production porte davantage sur la littérature à hauteur de 27,24 %. L’écriture féminine ne représente que 19,16 % dans le bilan général

– L’essentiel de la production éditoriale marocaine est réalisé et diffusé en format papier. Sur les 1.320 livres édités, 10 % seulement sont publiés en format numérique. Le Rapport révèle, par contre, une présence importante du français dans le champ numérique avec 70 titres, suivi de l’arabe (39 titres) et de l’anglais (24 titres). Par contre, les questions politiques représentant 24,81%, l’économie 30,83 % et les questions sociales 12 % sont des champs disciplinaires mieux représentés dans l’édition numérique marocaine.

Un marché du livre étroit mais… en transformation

la lecture des données révélées par le Rapport de la Fondation Al-Saoud sur ne peut que s’interroger sur les facteurs explicatifs de l’étroitesse de la production et sur les caractéristiques de l’économie du livre au Maroc. Tout d’abord, un constat inquiétant : Celui de la faible diffusion de la lecture dans la société, les deux-tiers des Marocains ne lisent pas plus de deux livres par an .

D’après : Hespress Français – Actualités du Maroc /Opinions 

          

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page