Culture

Le Thé du Dimanche: Rabat..lumières et culture

  • Par: ABDERAFII HAMDI//

Le Thé du Dimanche: Rabat..lumières et culture - agadirtoday.com

Singapour, cette cité-État qu’on a baptisée en 2023 « la ville du jour éternel » en raison de son éclat continu, est désormais la plus éclairée au monde, au point que ses habitants en viennent à regretter l’obscurité.
Hong Kong l’avait précédée, sa nuit étant illuminée mille fois plus que la moyenne mondiale.

Les experts notent que la luminosité mondiale croît de 20 % chaque année, et le professeur *Steven Lockley* de la *Harvard Medical School* souligne que cette situation a « des conséquences sur les rituels d’accouplement et de migration. »

Paris, autrefois surnommée « la Ville Lumière » depuis le XIXe siècle pour son rôle à l’âge des Lumières et pour avoir été la première a illuminé ses rues au gaz, s’accommode aujourd’hui de la cohabitation avec les rats et les punaises de lit.

La presse britannique, notamment le “Daily Star “a rapporté que près de six millions de rats, aussi grands que des chats, avaient émergé des sous-sols lors des Jeux Olympiques, certains ayant même attaqué un des ses journalistes ,au moment du dîner, dans le quartier de Bercy.

Quant à Rabat, on peut affirmer sans exagération que si les Almoravides en ont fait une place-forte, et les Almohades une ville fortifiée, et point de départ vers l’Andalousie ,le projet royal « Rabat, Ville Lumière , Capitale Marocaine de la Culture », lancé le 12 mai 2014, s’attelle à propulser la capitale vers le rang des grandes métropoles mondiales.

Les travaux d’infrastructure, la réhabilitation des espaces publics, ainsi que l’éclairage urbain transforment Rabat en une ville où les balades nocturnes deviennent un plaisir, autant pour ses habitants que pour ses visiteurs.

Le magazine américain “Condé Nast Traveler” spécialisé dans les destinations de luxe, n’a pas manqué de reconnaître cette transformation en classant Rabat parmi les meilleures villes africaines à visiter en 2024.
Ce rêve aurait-il été envisageable il y a dix ans ?

Rabat reste, bien sûr, une capitale culturelle. Mais est-ce uniquement grâce à des infrastructures modernes comme le Grand Théâtre, chef-d’œuvre de la célèbre architecte Zaha Hadid, ou encore les musées, les restaurations de sites historiques tels que kasbah des Oudaïes , Chellah, avenue des consuls , les murailles et autres ,Ce sont, certes, des piliers essentiels pour toute renaissance culturelle, mais qu’en est-il de l’appropriation de ce projet par la population ?

La ville se transforme peu à peu d’une capitale administrative tranquille en une capitale culturelle animée, mais la culture, pour être vivante, doit aussi émaner du quotidien des citoyens.
Malheureusement, je n’ai pas pu trouver de document de référence définissant une vision claire pour cette « Rabat, capitale culturelle du Royaume », en termes de projets stratégiques d’animation culturelle.

Or, n’est-il pas nécessaire de rappeler que la culture se construit avec, pour, et au sein de la société ? Les grands festivals de cinéma ou de musique sont importants, mais la culture de proximité dans les maisons de jeunes, les associations locales ou les cafés culturels n’en est pas moins essentielle.
Comment expliquer, par exemple, qu’un quartier comme Hay Riad n’ait ni espace culturel ni bibliothèque ni librairie.

Combien d’associations culturelles sont actives dans la capitale ? Quels sont les programmes de la commission culturelle de la commune de Rabat ,et quelle place y occupe la jeunesse ? Peut-on vraiment parler d’une capitale culturelle sans la participation active des jeunes ?

Quel est l’impact de la culture dans les programmes de l’académie régionale de l’éducation nationale ? Combien de jeunes fréquentent les maisons de jeunes à Rabat, et dans quel état se trouvent-elles ?

Pendant ce temps, les centres culturels des missions étrangères à Rabat ne cessent d’innover et de proposer des programmes variés pour tous les âges. N’auraient-ils pas dû s’inscrire dans une vision commune de « Rabat, capitale culturelle » au lieu de tracer leurs propres chemins parallèles ?

Et que dire de la contribution de nos universités à l’animation culturelle au-delà de leurs cours et de leurs amphis ?
Est-il si difficile d’organiser des débats dans nos écoles, universités et associations autour de la capitale culturelle que nous souhaitons ?

Alors, qui prendra l’initiative d’un « Forum de Rabat », réunissant toutes les parties prenantes, avec une place privilégiée pour la jeunesse, afin de débattre de la capitale culturelle que nous voulons construire ensemble ?

          

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