Société

Il y a 26 ans, Ali Yata rendit l’âme !

  • Saoudi El Amalki //

C’est ce 13 août qu’aura lieu le 26ème anniversaire de la disparition de l’une des figures de proue du mouvement national. On remémore le panthéon qu’était le défunt de son vivant, non pas pour une tradition anodine, mais en tant que date vibrante de la conscience collective, de la communauté marocaine, tous courants politiques et intellectuels confondus.

Ssi Ali comme se plaisaient de l’appeler les siens et bien d’autres de la vieille carrure, avec un intimitisme de raison, tira sa révérence, à la veille du grand déclic du processus démocratique qui prenait forme vers des traditions nationales de haute acuité. Feu Ali Yata n’est plus, mais son légs y est à jamais, dans la mémoire des patriotes et des démocrates du pays voire de l’humanité toute empreinte des grandes Valeurs du progrès, de paix et de justice.

Le leader nationaliste, si altruiste et pugnace, s’éclipsa, en fait, quelques temps, avant que l’Alternance n’ait fait son apparition. Lui qui a ardemment œuvré sans avoir savourer le fruit de ce triomphe, pour que le pays eût tenté cette héroïque épreuve, après des années de hics et de frictions partisans. « Ssi Ali, était pour nous, une sommité qui marqua l’hémicycle de notoriété singulière. Je me rappelle, un jour, au lieu de lire son discours rationnel comme il en a l’habitude, avec cette accent étoffé et ce verbe retentissant, il psalmodiait une prêche d’un ancien Cheikh cultuel, au long de laquelle il sollicitait Dieu de précipiter le départ du gouvernement défaillant.

Une rafale de rires emplissait la salle, devant ces propos inhabituels », s’est souvenu feu Ali Kayouh, l’un des doyens de la députation qui, il faudra bien le reconnaître, nourrissait un sentiment de profonde sympathie à l’égard de cette vieille connaissance. En effet, Ali Yata avait constamment cette touche d’humour qu’il imprimait si savamment en vue de transmettre ses messages, dans des circonstances qui ne toléraient pas constamment cette rigueur cartésienne du traitement et de l’analyse. « Je me souviens un jour, au fameux cinéma Salam d’Agadir, les leaders de la koutla composée à l’époque, de quatre formations politiques à savoir le PI, l’USFP, le PPS et la défunte OADP, célébraient dans la capitale du Souss le 11 janvier, le manifeste de l’indépendance. Ce jour-là, cette rencontre se déroulait sous une pluie battante qui, subitement, se mit à tomber, après de longues périodes de sécheresse.

Ali Yata qui prenait la parole, après celles de M’hamed Boucetta et Abderrahmane Youssoufi, empruntait encore une de ces trouvailles humoristiques pour détendre l’atmosphère et crucifier les choix chaotiques de l’Exécutif, en s’adressant à leurs auteurs, en ces termes « Les pluies bienfaitrices qui tombent aujourd’hui, sans doute, le gouvernement aura-t-il encore le culot de les mentionner, parmi le répertoire de ses réalisations, quoique que ce soit un don du ciel ! » Là-dessus, un tonnerre d’acclamations fusait au sein de l’assistance, fort admirative de ce pamphlet saisissant ! », s’esclaffait Abdallah Larouji, un militant socialiste de la région.

Ssi Ali avait aussi, en dépit de ses innombrables tâches, ce profond respect pour l’homme, quelque soit son registre. Je me rappelle comme si cela datait d’hier, quand j’ai commencé à transmettre mes premiers écrits sportifs par la formule « hors sac », à Al Bayane, en 1980, certains de ces papiers qui couvraient les matchs à domicile du Hassania d’Agadir, ne parvenaient pas à la rédaction à temps. Alors, à chaque retard, Ssi Ali se donnait toute la peine de m’écrire pour me signifier que les articles étaient arrivés trop tard, qu’il ne pouvait plus les publier et me présentait des excuses pour ces contretemps. Je garde toujours ces missives, avec fierté !

« Vous savez, Ali Yata était pour nous un second père, nous qui avons passé des moments ensemble avec les regrettés Nadir et Fahed Yata. Notre père, feu Abdeslam Bourquia, nous disait que Ssi Ali était notre oncle et qu’il menait une noble cause pour le Maroc. Encore petits, nous avions un grand respect pour cet homme dont la progéniture était pétillante d’intelligence. Un peu plus grand, nous nous rendions compte de la valeur de cet homme hors du commun », remémorait Khalid Bourquia, fils du feu Abdeslam… Que son âme repose en paix et soit bénite éternellement !

          

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