France : La réception atypique d’Emmanuel Macron au chef de la junte algérienne
Dans les traditions protocolaires les plus ancestrales, recevoir de façon officielle une personnalité militaire ou civile par un Chef d’Etat sans cliché, relève de l’ « exception algérienne » et ses gymnastiques douteuses qui plongent dans le ridicule.
Lundi 23 janvier 2023, l’agence de presse officielle algérienne, reprenant un communiqué du ministère de la Défense, soulignait que le chef de la junte Saïd Chengriha, en déplacement en France, a été reçu par le président français Emmanuel Macron, « à qui il a remis un message du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune».
Si plusieurs s’étonnent qu’aucune photo n’a filtré au sujet de cette réception, d’autres estiment que le président Macron a habilement évité de s’afficher côte à côte avec l’une des personnalités algériennes dont le passé et le palmarès n’est pas forcément glorieux. Macron a du éviter cette gêne publique et a préféré s’entretenir avec le chef de la junte reconnu coupable d’une décennie noire en Algérie marquée par l’injustice, la corruption et le bafouage des droits les plus élémentaires de la population algérienne.
France-Afrique : les temps ont changé
Plusieurs observateurs soulignent que la France a plus intérêt aujourd’hui à s’occuper de ses problèmes internes. Le pays est désormais sur le bord d’une explosion sociale sans précédent. Cette volonté de mettre la main sur tous les dossiers pour maintenir un leadership européen sur la scène internationale semble arriver à saturation. En Afrique par exemple, le gouvernement français envisageait déjà une réduction de sa présence militaire au Burkina Faso, voire un retrait total. Une nouvelle débâcle pour l’impérialisme français, confronté à un rejet toujours plus fort des populations qu’il prétend défendre.
Depuis quelques semaines on parlait de la possibilité d’un départ français ou d’un ajustement de sa présence au Burkina Faso. Or, le fait que ce soit le gouvernement burkinabè qui prenne les devants et dénonce l’accord militaire entre les deux pays obligeant les forces françaises à quitter le Burkina Faso d’ici un mois apparaît comme une « humiliation » pour Paris. Il faut dire que ces actions viennent dans un contexte marqué par une hostilité grandissante à l’égard de la France d’une grande partie de la population locale.
Pour un peu d’histoire, en 2017, Emmanuel Macron avait choisi le Burkina Faso pour faire le discours traditionnel des présidents français en Afrique de l’Ouest. Un exercice, pas anodin, et dont l’objectif ultime est d’entretenir et d’exhiber la puissance française dans la région et s’approcher d’une élite locale. Cinq ans plus tard, la situation entre Paris et Ouagadougou est totalement catastrophique.
Il semble que la France a la poisse. Là où elle va, elle provoque des dégâts collatéraux. L’appareil décisionnel en France a intérêt de changer de lunette pour voir la réalité en face et comprendre les aspirations des populations africaines à plus d’autonomie et d’indépendance d’action et de position diplomatique loin de cette arrogance impérialiste qui va ruiner toutes les relations de Paris avec le reste du monde.
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