Flambée du gasoil : les transporteurs appellent le gouvernement à intervenir
Face aux hausses répétées des prix des carburants, les professionnels du transport routier de personnes et de marchandises ont du mal à contenir leur colère. Après les professionnels du transport de marchandises, c’est au tour des professionnels du taxi de demander la reconduction des aides directes, dont la dernière vague a été débloquée en mars dernier. Pour eux, le gouvernement doit intervenir pour atténuer l’impact de l’envolée des prix, faute de quoi, ils menacent de recourir à des formes de protestation plus fortes.
Les transporteurs routiers reviennent à la charge. Le prix du gasoil ayant dépassé les 13 dirhams/litre, ils demandent la reconduction des aides directes, le plafonnement des prix des carburants et la mise en place du gasoil professionnel. Autant dire que c’est le même cahier revendicatif qui est mis en avant à chaque fois que des hausses à la pompe sont enregistrées.
Flambée des carburants : Un communiqué incisif des conducteurs de taxi
Ce sont les chauffeurs de taxi qui viennent de monter au créneau. Dans un communiqué publié mercredi, la Coordination nationale des instances représentatives du secteur de transport par taxi, qui comprend l’Instance nationale RNIste du secteur des taxis (affiliée au parti du Chef du gouvernement), dénonce les hausses brutales des prix des carburants, en inadéquation avec les cours sur les marchés internationaux.
Cette Coordination, composée aussi des syndicats affiliés à l’UGTM, à l’UMT, à la CDT, à l’UNTM, à la CGT et à l’ODT, s’élève contre le silence de la majorité gouvernementale et son immobilisme quant aux mesures à prendre pour atténuer l’impact de la hausse des prix des carburants, mais aussi contre l’incapacité de l’opposition à jouer son rôle de contrôle pour mettre fin aux manipulations portant atteinte au pouvoir d’achat des citoyens. Elle appelle également le gouvernement à reconduire les aides directes aux transporteurs, interrompues sans raison, alors que les prix se maintiennent toujours à la hausse.
Le membre de la Coordination et secrétaire général de l’Organisation démocratique des transports et de la logistique multimodale (ODTL, affiliée à l’ODT), Mustapha Chaoune, indique au «Matin» qu’avant ce communiqué de presse, la Coordination avait adressé trois courriers au Chef du gouvernement depuis l’interruption des subventions directes aux transporteurs. Ces courriers avaient pour objet de signifier que ces subventions devaient être maintenues jusqu’à ce que le prix du gasoil descende en dessous de la barre des 10 dirhams. Or depuis le mois de mars, quand la dernière subvention a été accordée, le prix du litre de gazole était toujours à plus de 11 dirhams, nous explique M. Chaoune. Et d’ajouter que les chauffeurs de taxi, qui n’ont pas augmenté leurs tarifs par esprit de solidarité avec leurs concitoyens, ont été confrontés à de lourdes contraintes, et cela même avec cette subvention. Désormais, et sans cette subvention, leur situation devient encore plus critique, déplore le SG de l’ODTL.
Et M. Chaoune de souligner que la problématique des carburants revêt un caractère transversal qui concerne l’ensemble du gouvernement, lequel doit faire preuve de responsabilité politique et sortir de son mutisme pour prouver qu’il a à cœur les préoccupations sociales. À défaut, la Coordination, qui regroupe les sept organismes les plus représentatifs du secteur du taxi, se tournera vers des formes de protestation plus rigides.
Les transporteurs de marchandises revendiquent le gasoil professionnel
Tout comme les chauffeurs de taxi, les transporteurs routiers de marchandises ne dissimulent pas leur colère. La Coordination syndicale nationale du secteur du transport routier de marchandises, qui regroupe les syndicats affiliés à l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), avait dénoncé dans un communiqué, publié le 10 août, les hausses continues des prix depuis le début du mois et appelle le gouvernement à assumer pleinement ses responsabilités et à intervenir pour réduire l’impact négatif de la flambée des prix sur le pouvoir d’achat des citoyens. La coordination a également demandé à ses membres de se préparer à toutes les formes de mobilisation nécessaires pour dénoncer la hausse des prix des carburants, y compris une grève nationale.
Selon le secrétaire général du Syndicat national du secteur du transport routier de marchandises (affilié à l’UNTM), Mustapha Karkouri, «ces hausses de prix des carburants ne font que fragiliser un secteur déjà mal en point depuis sa libéralisation en 2003». Rappelant que ce secteur est composé à 90% de très petites entreprises, M. Karkouri souligne que les transporteurs routiers subissent de plein fouet la flambée des prix des carburants, alors que leur secteur pâtit déjà d’une offre excédentaire par rapport à la demande.
Et pour remédier à la situation actuelle, la solution consiste, selon ce syndicaliste, à reconduire les subventions aux transporteurs en attendant l’introduction du gasoil professionnel, comme c’est le cas pour les professionnels de la pêche. M. Karkouri appelle également au plafonnement des prix des carburants, d’autant plus que le rapporteur général du Conseil de la concurrence a annoncé, dans son dernier communiqué, que les services d’instruction du Conseil considèrent qu’ils disposent d’éléments suffisamment probants pour établir l’existence de pratiques anticoncurrentielles commises par neuf entreprises sur les marchés de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution du gazole et de l’essence.
hicham oukerzaz
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