Festival Gnaoua et musiques du monde : un amour indéfectible avec le public qui le rend bien
Les habitués d’Essaouira et de son festival Gnaoua et musiques du monde connaissent bien ses sautes de vent. Certains les relient à l’âme de la ville. Pour cette 24e édition du festival, on dirait qu’Essaouira a voulu remercier ces centaines de personnes venues célébrer sa musique : un temps doux a bercé les trois jours de l’événement tant attendu. En journée, les festivaliers pouvaient profiter de la plage et des promenades dans les ruelles mythiques de l’ancienne Mogador. Le soir, ils retrouvaient les belles notes Gnaoua, africaines et internationales.
Le 24 juin, beaucoup d’entre eux se sont déplacés entre les différentes scènes pour profiter de chaque moment de cette dernière soirée du festival. Les agents de sécurité et forces de l’ordre géraient tant bien que mal le flux des spectateurs. Pour éviter les bousculades, certains ont pris place sur la scène Moulay Hassan dès le début de la soirée. «Il n’est pas question de rater un moment du spectacle», nous confie cette vielle dame adossée au mur d’une banque en face de la scène. Munis de chaises, d’appareils photos et de beaucoup d’amour pour la musique Gnaoua, les mélomanes ont pris toutes les dispositions pour profiter de chaque moment de cette rencontre avec les artistes du Festival.
Musique Gnaoua : des fusions humaines
Le maâlem Majid Bekkas, programmé en début de soirée de clôture sur la scène Moulay Hassan, a ravises fans. Il a ouvert le concert par une prestation magistrale. Après un début de spectacle sur des bases plutôt traditionnelles, le jazzman au guembri a charmé le public avec une fusion en compagnie de David Patrois, l’un des plus talentueux vibraphonistes de sa génération, le génie du rythme adepte du spoken word, cet ancêtre du slam, le percussionniste Minino Garay, le batteur Mokhtar Samba ainsi que le saxophoniste Axel Camil.
Le moment fort de la soirée était sans doute celui partagé entre les Amazones d’Afrique et Asmaa Hamzaoui & Bnat Timbouktou. Ces femmes ont enflammé la scène avec leurs musique et paroles pleines d’audace et d’énergie. Dans une déclaration au «Matin», les Amazones d’Afrique ont affirmé que leur concert à Essaouira, comme ceux célébrés ailleurs, est un appel à la liberté des femmes et au retour des valeurs d’équité qui marquaient les sociétés africaines. «Notre message passe mieux en concert, car il y a aussi des hommes».
Les Amazones d’Afrique respirent l’engagement féministe. Elles sensibilisent aux violences faites aux femmes sans pour autant verser dans l’agressivité, la complainte ou la victimisation. Ce «super-groupe» féminin panafricain célèbre avant tout l’amour et la nécessaire solidarité entre femmes, la sororité. Leur rencontre avec Asmaa Hamzaoui et sa girl band était de toute inspiration pour prendre d’assaut la scène Moulay Hassan et séduire le public.
Pour sa part Asmaa Hamzaoui, a rappelé aux spectatrices et spectateurs l’importance du courage et de la persévérance. Cette artiste pleine de talent a pu s’imposer dans un univers exclusivement masculin pour devenir l’une des rares ambassadrices de l’art Gnaoua. Sa passion, elle l’a héritée de son père, le célèbre maâlem Rachid Hamzaoui. Bnat Timbouktou reste largement fidèle aux traditions et aborde des thématiques telles que l’éloignement, la souffrance, la mémoire de l’Afrique…
Le festival Gnaoua et musiques du monde ne pouvait pas clôturer sa 24e édition sans le fameux concert du maâlem Hamid El Kasri. Ce dernier a attiré une grande foule. Officiels, personnalités publiques, artistes, journalistes, fans… tout le monde s’est mélangé dans une ambiance envoûtante. Hamid El Kasri a aussi présenté une fusion éclectique 100% groove avec le saxophoniste Jaleel Shaw, le guitariste, auteur-compositeur de renom Torsten de Winkel et le percussionniste Mustapha Antari. Une fusion qui a fait résonner les murailles de la ville au loin.
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