Et si le ministre Ouahbi n’était pas avec eux!!!
- Abderrafie HAMDI//
8Michel Barnier, Premier ministre français, a finalement réussi, le 21 septembre 2024, à former son gouvernement après des négociations ardues dans un contexte politique complexe.
Dès leur nomination, ces ministres, tous issus de familles politiques et représentant des courants idéologiques variés, ont immédiatement communiqué avec les citoyens à travers les médias.
Ils sont apparus régulièrement dans les plateaux d’information et ont participé à des émissions politiques, et ce, malgré le fait que Barnier n’ait pas encore présenté sa déclaration gouvernementale obligatoire devant l’assemblée nationale.
On pourrait penser qu’il s’agit d’une précipitation, mais en réalité, ces ministres, en tant que militants politiques, Leur présence dans les médias fait partie intégrante de leur fonction, même après seulement quelques jours de mandat.
Les Français sont d’ailleurs habitués à voir ces figures politiques, même les nouveaux venus.
Le 27 septembre, Michel Barnier a réuni son équipe à Matignon pour discuter du programme gouvernemental qu’il présentera au Parlement le 1er octobre Il leur a demandé de suspendre leurs déclarations publiques pendant trois jours seulement.
Cela semble parfaitement naturel dans un pays où les gouvernements sont formés à la suite d’élections libres et transparentes.
La politique, après tout, n’est pas une simple gestion technique des affaires courantes. C’est l’art de diriger la société vers des objectifs ambitieux, en réponse aux aspirations des citoyens.
Alors, qu’en est-il chez nous ?
Où est l’animation de la vie politique par notre gouvernement ? Quelles sont les émissions ou les débats auxquels participent nos ministres ?
Ont-ils conscience que l’absence de débat politique peut donner l’impression que le gouvernement est déconnecté des attentes des citoyens, même s’il accomplit des réalisations sur le terrain ? Ce manque affaiblit la confiance dans les institutions.
Qui d’entre vous a assisté ou entendu un entretien politique avec un ministre ou une ministre ? Connaissez-vous tous les membres de notre gouvernement ?
Il m’est arrivé, après un an de mandat gouvernemental, de me retrouver dans un ascenseur avec une femme que je n’ai reconnue comme ministre qu’au moment où elle a été accueillie dans notre réunion officielle.
Charles de Gaulle disait que « la politique est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux seuls techniciens ». La politique ne se résume pas à gérer des chiffres et des données.
Elle requiert une vision, des valeurs, des positions publiques qui suscitent un débat, parfois vif, entre partisans et opposants. L’absence de débat affaiblit l’action parlementaire, paralyse le travail journalistique , et creuse un fossé entre le citoyen et ses institutions politiques.
Imaginons un instant un gouvernement sans Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.
Certes, il commet des erreurs, mais les Marocains le connaissent et connaissent ses positions sur plusieurs questions de société : les droits des femmes, les libertés individuelles et collectives, les peines alternatives, et le Code de la famille.
Même lorsqu’il a mal jugé et mal considéré en déposant des plaintes contre des journalistes, il est sorti publiquement pour défendre son point de vue. Le public le juge, le critique, mais c’est un homme politique, un ministre.il assume.
Bien sûr, Ouahbi a parfois fait des déclarations maladroites (comme l’histoire des « chaussettes » ou « mon fils a étudié au Canada »), mais il reste une figure politique présente dans le débat public.
Il s’exprime, discute, crée des polémiques, et assume ses positions.
Connaissez-vous un autre nom dans le gouvernement marocain qui agit de la sorte ? Je ne crois pas. La plupart préfèrent se cacher sous le masque du technicien ou du haut fonctionnaire, maudissant la politique.
Comme le disait Václav Havel, « la politique n’est pas seulement une technique de gestion du pouvoir, mais une manière de construire la société et de donner du sens à la vie des citoyens ».
Quelle belle agitation de la part de Si Abdellatif Ouahbi, l’acteur politique, et quel silence de mort pitoyable de la part de Leurs Excellences, Mesdames et Messieurs les ministres, chacun dans son rang et avec le respect qui lui est dû.
Abderrafie HAMDI
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