
Enquête : Le port d’Agadir, une mer de déchets qui fait obstacle au Pavillon Bleu
- Agadir /Par: Rachid Fassih.//
Agadir – Sous un soleil éclatant, la ville d’Agadir est célébrée pour son climat doux, ses longues plages et son port dynamique, un moteur essentiel de l’économie locale. Mais derrière cette carte postale idyllique se cache une autre réalité, celle d’un environnement marin qui étouffe lentement.
C’est l’histoire d’un port envahi par les déchets, un fléau qui compromet directement le rêve de la ville d’obtenir le prestigieux label Pavillon Bleu pour sa plage.
Le Pavillon Bleu : un standard de qualité pris en otage par la pollution
Le Pavillon Bleu est un label écologique international, décerné aux plages et ports de plaisance qui respectent des critères rigoureux en matière de qualité de l’eau, d’éducation à l’environnement, de gestion des déchets et de sécurité.
Les autorités locales d’Agadir s’efforcent depuis des années de remplir ces conditions, mais leurs efforts se heurtent à un obstacle majeur au cœur de la ville : le port.
« La qualité de l’eau de la plage d’Agadir est généralement bonne, mais toute pollution venant du port menace cette réussite », confie un responsable local qui a préféré garder l’anonymat.
« Nous ne pouvons pas obtenir le Pavillon Bleu si des nappes de pétrole ou des déchets plastiques flottent dans nos eaux, même si elles sont relativement éloignées de la plage principale. »
Le port, une décharge à ciel ouvert : la bombe environnementale à retardement
Comme l’a révélé notre précédente enquête, la vue depuis le port est alarmante : des nappes d’huile noire et visqueuse polluent la surface de l’eau,
mêlées à des bouteilles en plastique, des sacs déchirés et des filets de pêche abandonnés.
Ces déchets ne sont pas seulement un spectacle désolant, mais une véritable bombe environnementale à retardement.
Les huiles, en formant une couche isolante, empêchent l’oxygène d’atteindre les écosystèmes marins, entraînant la mort des poissons et de la vie végétale sous-marine.
Quant aux déchets plastiques, ils se décomposent lentement en microparticules ingérées par les poissons, qui finissent par se retrouver dans nos assiettes via la chaîne alimentaire.
Toute cette pollution s’achemine progressivement vers la plage de la ville, rendant la mission de maintenir la propreté de l’eau presque impossible.
Un activiste environnemental résume la situation : « On ne peut pas avoir une plage parfaitement propre si votre port est une décharge.
Les deux font partie du même écosystème marin. Le Pavillon Bleu est un engagement environnemental pour toute la ville, pas seulement pour une petite bande de sable. »
Une solution en vue ? L’espoir des « ports verts ».
Pour sortir de cette crise, une volonté forte et une action collective sont indispensables. La solution ne réside pas seulement dans le nettoyage de la plage, mais dans la résolution du problème à sa source, au sein même du port.
C’est ici qu’intervient le concept des « ports verts », une solution durable qui pourrait changer la donne.
Un port vert vise à réduire son empreinte écologique en :
1- Mettant en place des installations modernes pour la gestion des déchets et des huiles des navires.
2- Appliquant des lois strictes et des sanctions dissuasives pour les contrevenants.
3- Utilisant des technologies de pointe pour surveiller la pollution de l’eau.
4- Encourageant les navires à utiliser des carburants moins polluants.
Sauver et revitaliser le port d’Agadir n’est pas seulement une question d’environnement, c’est un investissement dans l’avenir de la ville en tant que destination touristique de premier plan.
L’obtention du Pavillon Bleu n’est pas qu’un honneur, c’est la preuve qu’Agadir place l’environnement au centre de ses priorités, renforçant ainsi son attractivité et offrant un cadre de vie sain et sûr à ses habitants.

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