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Éducation : En attendant un forum des familles

  • Abderrafie HAMDI//

Le ministre Chakib Benmoussa a eu la bonne idée de convier trois mille enseignants à un grand rassemblement national les 26 et 27 septembre à Rabat, sous le thème évocateur : (L’enseignant, moteur du développement éducatif et pédagogique).

C’est une initiative louable, à mon avis, car il s’agit du premier événement de cette envergure, qui ne portera pas sur les habituelles questions de politiques éducatives, de privatisation, ou de grands principes, souvent débattus ailleurs.

Le cœur des discussions se concentrera cette fois sur des enjeux pédagogiques et méthodologiques, articulés autour de quatre grands axes :

– La formation des enseignants.
– L’épanouissement professionnel.
– La pratique pédagogique efficace en classe.
– Comment comprendre nos élèves ?
Ainsi, les enseignants qui se rendront à la capitale cette fois-ci seront accueillis non pas pour manifester dans les rues de Rabat pour leurs droits, mais en tant qu’invités du ministre et de son département .

C’est en soi un événement qui retiendra l’attention des Marocains, après plusieurs années de tensions et de grèves.

Le retour au calme dans ce secteur est à mettre au crédit de Chakib Benmoussa, un diplomate qui est resté calme même dans les moments les plus difficiles, où une année scolaire entière a été marquée par des interruptions.

Ce répit est aussi dû à la maturité des autres partenaires sociaux.
Je pense que ce moment représente une opportunité, peut-être la dernière, pour donner un nouveau souffle à notre système éducatif.

D’autant plus que, d’un point de vue institutionnel, le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique est déjà en place, jouant un rôle clé en tant que laboratoire de réflexion stratégique, espace de débat et de coordination.

Ce Conseil éclaire également les décideurs et l’opinion publique à travers des évaluations précises et régulières des composantes du système éducatif et scientifique.

Le cadre législatif et réglementaire, quant à lui, est désormais consolidé avec la loi-cadre et ses déclinaisons.
Dès lors, la responsabilité de la mise en œuvre de la vision et de l’application de la loi incombe maintenant aux acteurs publics. Il ne fait aucun doute que cette architecture législative et institutionnelle a pour objectif ultime l’amélioration de l’école publique marocaine et, en son cœur, l’enfant marocain.

Cette école a pour mission d’enseigner à lire et à écrire, tout en encourageant l’élève à utiliser sa raison pour résoudre les problèmes qui se posent à lui.

C’est là l’essence même de l’éducation, car sinon, nous risquons de créer une machine à fabriquer des individus figés dans un passé révolu, celui de la récitation et de la mémorisation.
La question qui demeure est : les acteurs de l’éducation se limitent-ils uniquement à l’élève, l’enseignant et l’administration ?

Depuis l’indépendance, l’éducation au Maroc a été un vecteur d’ascension sociale. L’amélioration du niveau de vie des Marocains ne s’est pas faite par un accroissement des investissements individuels ou collectifs. En effet, le capital marocain était limité et l’économie marocaine, à forte dominance traditionnelle, offrait peu de perspectives.

C’est pourquoi l’éducation a été, et demeure, un projet familial. Les familles marocaines se sont adaptées aux mutations du système éducatif et à ses liens avec le marché du travail, contribuant ainsi à la stabilité sociale.

Ce sont les familles qui choisissent l’école, qu’elle soit publique ou privée. Mais leur avons-nous demandé quelles étaient leurs attentes et leurs aspirations ? Souvent, leurs ambitions surpassent celles de leurs enfants.

Les avons-nous interrogés sur cette obsession du succès et sur les cours de soutien, épuisants pour les enfants et coûteux pour les parents ?

Je pense que le moment est venu d’écouter les familles, en particulier les mères, qui considèrent la réussite de leurs enfants comme leur propre réussite.

Il n’est donc pas surprenant que l’éducation des enfants devienne un sujet central dans les discussions familiales.

Alors, verra-t-on émerger de ce premier forum des enseignants une recommandation pour organiser les premières Assises nationales des familles d’élèves ?

Enfin, il semble que les documents et le programme du forum aient été conçus en français, ce qui explique une traduction en arabe, inadaptée à la fois à la langue et à l’oreille arabophones. Mais ça, c’est une autre histoire…

Abderrafie HAMDI

          

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