Déclaration des associations amazighes sur les résultats du recensement relatif à la langue amazighe
Le site agadirtoday publie la Déclaration des associations amazighes sur les résultats du recensement relatif à la langue amazighe:
« Les associations, confédérations, organisations et coordinations amazighes, après avoir pris connaissance des résultats du recensement général de la population et de l’habitat dans notre pays, dans la section relative aux langues et aux données sociolinguistiques, annoncent au public national et international ce qui suit :
1. Les chercheurs du mouvement amazigh au Maroc avaient déjà analysé et critiqué la méthodologie et l’approche suivies dans le recensement concernant les langues et la situation sociolinguistique au cours des années passées. Ils ont averti que cette méthodologie n’était pas scientifique et ne permettait pas de connaître la situation sociale réelle ni d’obtenir des résultats précis et objectifs, surtout celle adoptée lors du dernier recensement qui s’est basé sur des échantillons aléatoires, contredisant ainsi la répartition territoriale et la présence démographique amazighe dans toutes les régions, provinces et communes de notre pays. Le fait de les adopter dans la méthodologie du recensement constitue un manquement aux critères scientifiques et une orientation non objective, en particulier en ce qui concerne le questionnaire sur les données linguistiques et sociolinguistiques.
2. La diminution des Marocains parlant la langue amazighe de 72,3 % en 1994 à 25 % en 2024 confirme que le peuple marocain est amazigh et que la langue amazighe est la langue maternelle et la langue de communication quotidienne pour sa majorité absolue pendant des dizaines d’années avant et après l’indépendance. Cette diminution est une preuve de la destruction linguistique et culturelle à laquelle elle fait face en raison de la poursuite des politiques de marginalisation et d’assimilation forcée malgré les garanties constitutionnelles et légales de la constitution de 2011.
3. Les résultats du recensement officiel présentés pour 2024, malgré leurs défauts et leur orientation, confirment que la langue et la culture amazighes sont en déclin et en retrait sociolinguistique en raison de leur manque de dynamique sociale et de la non-protection et de la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles et légales les concernant, en tant que langue officielle de l’État et patrimoine commun à tous les Marocains.
4. Selon les résultats du recensement, la langue amazighe est menacée d’extinction en raison de la politique continue d’arabisation et du manque de sérieux dans sa protection et la mise en œuvre de la constitution de 2011, ainsi que du non-respect des responsables politiques et administratifs pour leur non-application des dispositions constitutionnelles et des lois organiques concernant la mise en œuvre de l’officialité de la langue amazighe et le Conseil national des langues et de la culture marocaine, notamment sa protection et son intégration dans l’enseignement et les divers domaines de la vie publique.
5. Les associations amazighes appellent la communauté internationale, notamment l’UNESCO, à protéger la langue amazighe qui est l’une des plus anciennes langues au monde et qui a réussi à maintenir sa transmission sociale pendant des milliers d’années, ayant coexisté avec les langues pharaoniques, grecques et latines. En trois décennies, elle a diminué de 72,3% à 25 %. Étant un patrimoine humain et civilisationnel, nous appelons à une action rapide pour la protéger dans le cadre de la Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032) et des programmes des Nations Unies pour la protection et le soutien des langues et des cultures humaines.
6. Les associations amazighes tiennent les gouvernements précédents et actuels, ainsi que les ministères, notamment le Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, responsables de ce déclin et de la non-protection de la langue amazighe, langue nationale officielle.
Elles demandent à l’État et au gouvernement de mettre en place un projet national pour sauver et protéger la langue amazighe, fournir les programmes et les ressources financières et humaines nécessaires, et accélérer la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles et légales et des engagements nationaux et internationaux pour exécuter l’officialité de la langue amazighe et responsabiliser les responsables politiques et administratifs pour leur non-application des lois et des mémorandums organisationnels pour la mise en œuvre de l’officialité de la langue amazighe dans les domaines de la vie publique.
7. Les associations amazighes demandent à accorder le statut d’utilité publique aux associations amazighes sérieuses pour contribuer à la mise en œuvre de l’officialité de la langue amazighe et permettre à la société civile d’obtenir les moyens et les ressources nécessaires pour contribuer effectivement à la protection de la langue amazighe, suivre les politiques publiques, proposer et accompagner les solutions et programmes appropriés.
8. Les associations amazighes appellent le gouvernement et les ministères, notamment le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, le Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à mettre en place un projet national pour sauver la langue et la culture amazighes et les intégrer sérieusement et de manière responsable dans les domaines de la vie publique, en commençant par instaurer une discrimination positive et l’urgence des chantiers légaux et constitutionnels les concernant.
9. Les associations amazighes appellent le mouvement amazigh dans toutes ses composantes, ainsi que toutes les forces démocratiques et des droits de l’homme sérieuses, et tous les citoyens marocains à se mobiliser pour protéger leur langue et leur culture nationales amazighes, mettre en œuvre les engagements constitutionnels et légaux les concernant, annoncer la décennie nationale de la langue amazighe (2024-2034) et se concentrer sur la protection et le développement de la langue amazighe au niveau de la production et de la défense nationale et internationale.
**Signataires :**
– Association Université d’Été – Agadir
– Confédération des Associations Amazighes du Nord – Nador
– Confédération des Associations Amazighes du Sud Marocain (Tamunt n’Fous) – Agadir
– Organisation Tamaynut, Bureau Fédéral
– Association Azmza pour la Culture et le Développement – Taroudant
– Centre d’Études Amazighes, Historiques et Environnementales – Agadir
– Association Amghar – Khénifra
– Association Akal – El Hajeb
– Coordination Aït Al Laâl Lakhsas – Guelmim. »
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