Carburants : la hausse des prix est passagère et ne devrait pas atteindre les pics de 2022 (Expert)
La hausse des prix des carburants revient sur le devant de la scène. Selon l’expert en énergie et carburants Mustapha Labrak, cette hausse, due à une baisse de production et une augmentation de la consommation, est passagère et ne devrait pas atteindre les pics enregistrés l’année dernière. Par ailleurs, cette hausse a ravivé le débat sur le plafonnement des marges bénéficiaires des pétroliers, surtout après la dernière annonce par le Conseil de la concurrence de l’envoi d’une notification de griefs à neuf entreprises opérant sur les marchés de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution du gazole et de l’essence.
Les prix des carburants ont connu des augmentations au cours des dernières semaines. De quoi raviver les inquiétudes des consommateurs de voir se reproduire le scénario de 2022, où les prix à la pompe avaient atteint des niveaux exceptionnellement élevés. Toutefois, un retour à la baisse est à prévoir en septembre prochain à en croire l’expert Mustapha Labrak, car il n’y a pas, selon lui, de raisons qui laissent présager un maintien de cette hausse, «à moins d’un coup de théâtre majeur sur l’échiquier géopolitique international»
Une augmentation des prix des carburants due à une baisse de la production et à une hausse de la consommation
«Après avoir atteint 72 dollars le baril en juin, le Brent s’est ressaisi en juillet et en août pour atteindre 85 dollars le baril actuellement, et pourrait continuer vers 90 dollars le baril. Mais personnellement, je ne pense pas qu’il ira au-delà, car la période estivale de forte consommation touche à sa fin», nous explique M. Labrak. Dans une déclaration au «Matin», l’expert souligne que les pays de l’OPEP et de l’OPEP+ ont réduit leurs volumes de production, et que cette réduction est couplée à une forte demande conjoncturelle de produits pétroliers liée à la période estivale. «Cette poussée des prix des carburants se justifie donc et pourrait se prolonger jusqu’à la fin du mois d’août et au début du mois de septembre, sans toutefois atteindre les pics enregistrés l’année dernière», indique M. Labrak, faisant remarquer que les problèmes liés aux ruptures d’approvisionnement ne devraient pas se poser, étant donné que les voies empruntées pour acheminer le pétrole sont sous contrôle, contrairement à l’année dernière où il y a eu des perturbations consécutives à la guerre en Ukraine.
Les prix du pétrole devraient se maintenir entre 80 et 90 dollars le baril
Et l’expert de noter que les prix devraient se maintenir dans la fourchette entre 80 et 90 dollars le baril, et qu’un fléchissement est à prévoir en septembre. Au niveau local, cela devrait se répercuter par «une nouvelle augmentation d’environ 30 centimes par litre pour le diesel et de 50 centimes par litre pour l’essence sans plomb», prédit notre interlocuteur qui relève que, «malgré le relèvement des cours internationaux, les prix à la pompe varient d’une station à l’autre, ce qui est normal, étant donné que le prix dépend de la société, de sa taille et du niveau de ses stocks». Un stock acheté une quinzaine de jours auparavant et non écoulé peut être vendu à un prix qui ne correspond pas à la variation réelle, explique-t-il, ajoutant qu’il y a également cette volonté des sociétés de faire leur propre campagne marketing pour conquérir une clientèle supplémentaire par le jeu de la concurrence.
L’expert explique en outre que, comme elles sont toujours pointées du doigt pour pratiquer toujours les hausses à 100% plutôt que les baisses, certaines sociétés leaders sur le marché se montrent réticentes à écouter le marché pour ne pas brusquer le consommateur et tentent d’adoucir les variations à la hausse.
Les transporteurs appellent à la reconduction des aides directes
Face aux nouvelles hausses des prix à la pompe, les transporteurs routiers reviennent à la charge et demandent au gouvernement d’intervenir pour protéger le secteur en reconduisant les aides directes et en réglant les dossiers en suspens. De même, ils appellent à un plafonnement des prix des carburants pour les professionnels.
La Coordination syndicale nationale du secteur du transport routier de marchandises, qui regroupe les syndicats affiliés à l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), a dénoncé dans un communiqué les hausses continues des prix depuis le début du mois et appelle le gouvernement à assumer pleinement ses responsabilités et à intervenir pour réduire l’impact négatif de la flambée des prix sur le pouvoir d’achat des citoyens. La coordination a également demandé à ses membres de se préparer à toutes les formes de mobilisation nécessaires pour dénoncer la hausse des prix des carburants, y compris une grève nationale.
De même, la Coordination des quatre syndicats exhorte le Conseil de la concurrence à prendre les mesures nécessaires pour dissuader les pratiques contraires aux règles de la concurrence. Celui-ci, pour rappel, avait souligné, dans un communiqué en date du 3 août, que ses services d’instruction considèrent qu’ils disposent d’éléments suffisamment probants, caractérisant l’existence de pratiques anticoncurrentielles commises par les parties mises en cause (neuf sociétés) sur les marchés de l’approvisionnement, de stockage et de distribution du gasoil et de l’essence, et qui sont contraires aux dispositions de l’article 6 de la loi n°104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence telle qu’elle a été modifiée et complétée.
Parallèlement à ces appels des professionnels, des députés se sont également mobilisés pour demander au gouvernement d’intervenir et de trouver une solution aux hausses successives des prix des carburants. La députée de la Fédération de la gauche démocratique, Fatima Tamni, a ainsi adressé une question écrite à la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, dans laquelle elle relaie la demande des transporteurs routiers de plafonner les marges bénéficiaires des compagnies pétrolières, d’augmenter les stocks nationaux de carburants et de réactiver la raffinerie de la SAMIR.
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