Maroc aujourd'hui

Brigitte…souvenirs d’une Épouse

  • ABDERRAFIE  HAMDI //

La Première Dame, Brigitte Macron, prend l’avion présidentiel en tenant le bras de son époux à l’aéroport de Rabat, après une visite d’État de trois jours. En route vers Paris, j’imagine la conversation des Macron, que ce soit à bord ou plus tard au Palais de l’Élysée, tentant de saisir l’essence de tout ce qu’ils ont vu et vécu au Maroc.

Devant eux, des images se succèdent, mêlant histoire, culture, protocoles et politique.

“Tout cela est-il lié à notre position sur la question du Sahara marocain ?” se demande Brigitte. Puis elle ajoute:  “Mais comment oublier l’accueil dans cette école publique et le sourire de ces enfants ?

Un sourire si enchanteur, qui touche le cœur et l’imaginaire. Moi qui ai passé ma vie à enseigner, je reconnais bien la sincérité d’un sourire.”

Jacques Chirac avait raison dans ses mémoires “Le Temps présidentiel”, où il avoue son amour pour le Maroc, au-delà du climat et de la géographie : un attachement à l’histoire, à la civilisation, et aux Marocains eux-mêmes.

Pour moi, Brigitte Macron, en tant que Première Dame, partage bien des traits avec l’incomparable Bernadette Chirac : le goût de l’authenticité, l’appréciation du patrimoine commun, et une influence marquée par l’humanité.

Une visite d’une telle envergure et d’une nature si particulière pouvait-elle être affectée par les débats à Paris autour de l’ampleur de la délégation présidentielle, au nom de la préservation des finances publiques ?

Ou par les intérêts de la France entre Rabat et Alger ? Malgré les critiques répétées, même populistes, on doit reconnaître à la Cinquième République d’avoir ancré le droit à la différence dans la pratique démocratique, d’en avoir encadré les formes, et de l’avoir intégré.

Ainsi, les médias publics français laissent place à toutes les opinions, dans un esprit de dialogue.

Au Maroc, l’espoir aurait été de voir s’élever le débat public, de voir ceux qui expriment leurs réserves ou critiques – même si leurs voix sont rares – partager leurs points de vue, analyser les accords signés, et poser des questions concrètes : Le Maroc a-t-il perdu en fermant la porte à la concurrence internationale ?

Les prochaines négociations seront-elles plus intenses ? Quel sera l’impact du transfert de savoir-faire après la réalisation des projets visés par ces contrats ?

Les critiques auraient aussi pu interroger les sources de financement, la nature des prêts, leur durée et leurs taux d’intérêt.

Hélas, le débat est retombé dans un discours de “colonialisme”, “néocolonialisme”, “mouvement de libération nationale” et “bourgeoisie hybride”.

Parallèlement, au lieu que notre camp, favorable à cette visite présidentielle, voit dans les positions divergentes une contribution au renforcement de la posture nationale, certains se sont empressés d’accuser les critiques de trahison.

Certains ont même déclaré : “Les oiseaux de l’ombre ne chantent pas en ce jour printanier.”

Et voilà que, finalement, nous nous retrouvons à nouveau piégés dans le dilemme qui enferme la pensée arabe et islamique depuis des siècles : le patriote contre le traître, le croyant contre l’infidèle.

Quant aux médias publics marocains, ils ont, une fois encore, déçu ceux qui espéraient un espace de débat libre et responsable, reflétant la diversité, l’ouverture, et la transition démocratique de la société marocaine.

Au lieu de monter dans le train de la modernité, ils ont préféré la voie du conformisme. Ainsi, les chaînes nationales, que ce soit la SNRT, 2M, ou Medi1 TV, ont manqué l’occasion d’aborder ces sujets, laissant aux réseaux sociaux le soin de propager rumeurs et polémiques, volontairement ou non, sauf de rares exceptions professionnelles et crédibles.

Je repense aux mots du journaliste libanais Tony Khalifa : “Si les médias publics sont une armée régulière, les réseaux sociaux sont des milices.”

Alors que le cortège royal avançait dignement dans les rues de Rabat, la Première Dame et l’importante délégation qui accompagne le Président français contemplaient avec admiration les regards des passants, les visages, les édifices, les arbres et les remparts qui entourent la ville depuis l’époque des Almohades.

Pourquoi donc cette peur de la différence ?

          

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