Alain Delon, la légende du cinéma, est mort..
Acteur français à la filmographie exceptionnelle, Alain Delon est devenu un mythe du cinéma mondial. Il s’est éteint ce dimanche 28 août à 88 ans. Les dernières années de sa vie ont été ternies par des dissensions familiales, ses enfants se déchirant autour de lui.
Une enfance loin du cinéma
Rien ne le destinait à cette carrière. Né le 8 novembre 1935 à Sceaux, près de Paris, Alain Delon connaît une enfance instable après le divorce de ses parents. Il s’engage dans la Marine à 17 ans et part faire la guerre en Indochine.
Démobilisé en 1956, il monte à Paris où il exerce mille petits métiers et traîne à Saint-Germain-des-Prés où son élégance canaille et sa « gueule d’ange » (un de ses futurs surnoms) ne passent pas inaperçus. Il rencontre la très jeune Iolanda Gigliotti, avant qu’elle ne devienne Dalida.
Puis l’actrice Brigitte Auber, qui l’empêche de mal tourner. « Oui, c’était de la graine de voyou, il trainait à Saint-Germain-des-Prés, » raconte celle qui a donné la réplique à Cary Grant dns la « Main au collet » à une journaliste en 2018, « alors je l’ai foutu dans les pattes d’une copine qui était prof. Elle m’a dit : Avec la tête qu’il a, il doit faire du cinéma illico, pas la peine d’apprendre… « .
Une carrière fulgurante
En 1957, il débute dans « Quand la femme s’en mêle », d’Yves Allégret. Son physique retient immédiatement l’attention des réalisateurs les plus prestigieux, avec lesquels il enchaîne les grands rôles.
C’est grâce au film d’Allégret que l’immense réalisateur italien Luchino Visconti le remarque. Il sera le vrai Pygmalion du jeune acteur dont il a senti les possibilités. « Rocco et ses frères » et « Le guépard » sont deux des plus beaux fleurons de la carrière de Delon.
La sortie de « Plein Soleil » de René Clément en 1960 confère à l’acteur, alors âgé de 25 ans, une dimension internationale. « C’était mon quatrième film. Il a eu un succès extraordinaire. Depuis, je suis un dieu vivant au Japon« , aimait-t-il à répéter.
Succès à l’international
En Italie, il tournera aussi « L’éclipse » (Michelangelo Antonioni) avant de réussir de mémorables compositions pour Jean-Pierre Melville dans « Le cercle rouge » et « Le Samouraï ».
Au théâtre, on le voit dans « Dommage qu’elle soit une p… », mis en scène par Visconti. Sa partenaire s’appelle Romy Schneider : c’est le début d’une longue liaison avec la jeune actrice autrichienne.
Avec « Borsalino », de Jacques Deray, il connaît en 1974 un des plus gros triomphes de sa carrière au côté de Jean-Paul Belmondo.
La liste de ses succès est longue : « Les granges brûlées », « Le gitan », « Parole de flic », etc. Dans « Notre histoire »(1984), de Bertrand Blier, il tient un contre-emploi, celui d’un garagiste alcoolique, pour lequel il obtient un César, le seul de sa carrière.
En Italie, « il fait partie de l’élite des acteurs qui exerçent une sorte de fascination, au-delà de leurs films », disait à l’AFP Gian Luca Farinelli, directeur de la cinémathèque de Bologne. « Aujourd’hui encore, il reste une icône et même les jeunes, qui ne le connaissent pas nécessairement, sont sensibles à sa beauté », précise l’historien.
Violences et opinions réactionnaires
Ses emportements, son arrogance et son égo hypertrophié ont toutefois largement contribué à altérer sa cote auprès des Français. Dans un sondage publié en 2013, 55% d’entre eux disaient ne pas l’aimer, voyant en lui un « mégalomane », « provocateur » et « réactionnaire », même si une large majorité le considère comme un monstre sacré.
Ami de longue date de Jean-Marie Le Pen, il multiplie les déclarations réactionnaires, voire violentes. Il qualifie l’homosexualité de « contre-nature » en 2013. En 2018, il reconnaît avoir exercé des violences contre ses compagnes en déclarant : « Une gifle, c’est machiste ? Oui, j’ai dû être machiste. » Son fils, Alain-Fabien, l’a aussi accusé de violences contre sa mère, Rosalie van Breeme, au cours de leur relation. Des militantes féministes et une pétition s’opposent donc à la décision du Festival de Cannes de lui remettre une Palme d’or d’honneur en 2019 – l’une des dernières apparitions de sa carrière.
Rarissime au cinéma depuis les années 90
Nostalgique d’un âge d’or du cinéma, celui des années 60, il voit en effet sa carrière d’acteur décliner dans les années 1980 et multiplie alors les activités. Réalisateur, producteur, homme d’affaires, il lance un parfum à son nom et commercialise sa « griffe », surtout au Japon. Il met en scène « Pour la peau d’un flic » (1980) et « le Battant » (1983). Amateur d’art, il collectionne les bronzes animaliers de Bugatti, les grands crus, les montres, les armes.
En 1999, Alain Delon annonce mettre un terme à sa carrière d’acteur. On le verra toutefois dans deux mini-séries télévisées, sur scène en 2007 et dans « Astérix » en 2008.
Président d’honneur de la Société Miss France, il dit revoir rarement ses films car « l’exercice lui brise le coeur » : « Je suis un des derniers survivants de mes films«
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