Société

A vrai dire:  Le Maroc en deuil!

  • Saoudi El Amalki //

Alors que la foule savourait les magnificences de la fiesta annuelle de Timitar, le sol tremblait sous les pieds survoltés des jeunes en délire.

On ne croyait pas son ouïe, puisqu’elle se noyait dans le rythme endiablé des mélodies de Manal, la diva montante de la musique marocaine.

Mais, le grondement de la secousse fut si brutal qu’il réveilla les masses, en hystérie magique, d’autant que l’ébranlement fut violemment étiré, sur une vingtaine de secondes.

Prise de panique, l’imposante assistance accourra précipitamment, en direction des sorties de scène des spectacles. Sitôt après, on se rendit compte de l’énormité du choc qu’on venait de subir, tout au long du chemin surabondé et strident du retour à ses domiciles, déjà désertés par leurs occupants éparpillés sur les espaces verts et terrains vagues.

Dès lors, le désarroi s’emparait des populations qui passaient la nuit à la belle étoile, les yeux rivés sur le petits écrans des smartphones défilant les états de faits des patelins du pays atrocement affectés.

Depuis, le cataclysme retenait en haleine tous les foyers dont une bonne partie, se refusait toujours de regagner ses résidences, de crainte de se faire surprendre par la récidive de la calamité naturelle.

Certes, à la différence de certaines localités dont le bilan des victimes était désolant, notamment la province d’Al Haouz et ses patelins, près de la cité ocre, la capitale du Souss sévissait beaucoup plus de frayeur que de mal en perte humaine et dégât matériel, hormis une poignée de décès dont deux étrangers pour arrêt cardiaque et de la famille de trois membres abattus par l’effondrement d’un mur, tout en déplorant la détérioration des forteresses de la citadelle d’Agadir Oufella.

Toutefois, ce fléau faisait encore renaître le triste souvenir du séisme de février 1960, dans les esprits de ses survivants, mais également les générations suivantes dont les réminiscences du sinistre enfouies au fond de leur mémoire, constituait un effroyable croquemitaine au fil du temps.

Cette fois-ci encore, quoique la catastrophe ait épargné les âmes et les bâtisses de la ville, l’épouvante régnait au sein des ménages, au point de les faire vivre dans l’émoi, pendant des semaines voire des mois.

Aujourd’hui, seule peut-être la citadelle d’en haut majestueusement réaménagée, pour s’ériger en patrimoine immatériel notoire et savamment rehaussée en site historique pouvant drainer le tourisme de découverte et de loisirs, avec le somptueux téléphérique qui y mène, permet le rappel d’une époque affligeante où s’éteignirent sous les décombres plus de 15 000 sinistrés pour une ville abritant pas plus de 50.000 habitants.

Ce vendredi-là, Agadir s’apprêtait à se régaler devant deux événements : le concert musical de Najoua Karam et Zakaria Ghafouli qui devait se produire sur la place Al Amal et puis, le match attendu de la sélection du Maroc face au Libéria au grand stade d’Adrar.

Mais, le destin en a décidé autrement car tous les deux ont été annulés ! Cependant, la vie continue et la ville s’émancipe pour devenir très prochainement une réelle métropole, depuis sa démolition il y a plus de six décennies.

Feu le Roi Mohamed V avait bien dit « Si Agadir est détruite, sa reconstruction dépendra de notre volonté et notre foi ! ».

Ce qui fut fait, plus spécialement, sous le règne de son Petit-Fils, le Roi Mohamed VI qui transmuait ardemment l’ancienne ville sinistrée en « Centre du Royaume ».

          

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