Société

À vrai dire:  Le code de famille passé au crible

  • Saoudi El Amalki //

Il ne fait nul doute que l’initiative de la révision du code de la famille, dans un climat marqué de sérénité et de communion, est un indicateur de maturité au sein d’une société dite conformiste. La mutation transitoire qui s’entreprend de façon progressive est de nature à assurer cette stabilité sociétale, sans heurt ni percussion préjudiciables entre les modernistes et les traditionalistes. Juste après deux décennies de l’adoption de la dernière mouture en 2004, le débat public auquel ont pris part les uns et les autres sous l’impulsion Royale, s’est attelé, durant un long moment d’échange et d’Ijtihad constructif de part et d’autre, sur la base du concept fondateur que le Souverain avait mis en avant, selon lequel « il est exclu d’autoriser ce qui est interdit et de prohiber ce qui est permis ».

Aujourd’hui, il est question de promouvoir cette démarche cruciale au terme de laquelle il n’y aura pas de profond clivage nocif entre les deux camps antagonistes. Sans avoir aucunement l’intention de disséquer le projet passé au peigne, il importe de valoriser cette volonté mutuelle de mettre en qualité ce document suggéré, qui s’est opérée au fil du temps sans précipitation ni ballotage, par le biais des réflexions de diverses obédiences de la société marocaine. Il est clair que les deux clans, en occurrence les adeptes du modernisme et les partisans du passéisme, en termes théologiques, ne se devront de prendre le dessus des uns sur les autres dans l’épreuve de concession sociale du modèle marocain, lorsqu’il se serait agi de devoir national.

Dans ce sens, on en citera des exemples de parcours du pays, dans nombre d’expériences qui nécessitent la progressivité et la pondération de traitement, de peur de brusquer la résistance, notamment l’évolution de la question amazighe, quoiqu’elle paraisse languissante. Toute réforme ne saurait garder indéfiniment la linéarité, mais il conviendrait de prioriser le désir de promouvoir avant tout, la préservation de la cellule nodale de la société qu’est la famille et l’égalité des sexes. Il est à rappeler que le volontarisme de l’Etat de se pencher sérieusement sur la réforme du code de la famille est survenu du fait de l’archaïsme qui se faufile dans les dédales de l’actuelle Moudawana qui avait apparu sous les pressions des tendances féministes.

Il va s sans dire non plus, que c’est la première fois que le Roi, en Sa qualité de Amir Al Mouminine s’entoure des différents décideurs de courants et instruit une approche inclusive de ce chantier national où la divergence surgit tant au niveau du texte de la Chariâ que du contexte de la mutation. Quoiqu’on fasse, les amendements à inclure ne sont guère censés satisfaire toutes les franges de la société plurielle.

Cependant, il est à reconnaître que la proportion de la modernité se positionne progressivement sur l’échiquier de la structure familiale dont la majeure partie s’avère conservatrice. La Monarchie aura donné encore la preuve de la circonspection de Haut Chef d’Etat visionnaire, pour mener à bon port cette délicate œuvre, en mettant sur orbite une institution en permanence dont la mission est de perfectionner les pensées et les novations à ce propos !

En fait, tout n’est pas encore acquis pour la modernité, mais ce qui est fait n’est pas insignifiant pour un pays qui s’engage de manière irréversible, vers les valeurs de la parité et de l’équité, dans un monde plutôt patriarcal. Ce patriarcat est censé se diluer par les sursauts constants des femmes. L’écrivain russe, Léon Tolstoï s’adressait à celles-ci par cet appel solennel : « Femmes, c’est vous qui tenez entre vos mains, le salut du monde ! ».

          

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