
A vrai dire: La souveraineté agricole
Saoudi El Amalki
- Saoudi El Amalki
La séance mensuelle marquée par le grand Oral du chef de gouvernement et consacrée, cette fois-ci, à l’examen de la souveraineté alimentaire, était d’une nécessité capitale par rapport à l’âpre conjoncture qu’endure notre pays, puisqu’elle met la primature et la députation devant leurs responsabilités. Au-delà des coups de bec qui ont émaillé les débats, par-ci, par-là, on aura sans doute, relevé la volonté de part et d’autre des antagonismes politiques, de se préoccuper encore davantage de l’atrocité des sévices qui taraude les franges démunies de la société, sous les supplices de l’inflation et de l’insécurité alimentaire.
Certes, l’influence conjoncturelle externe s’avère évidente, à plus d’un titre, assurément aggravée par l’impact pandémique et l’incidence conflictuelle sur le cours de vie dans nos murs. Cependant, il n’en demeure pas moins évident que la stratégie agricole amorcée depuis 2008 sous l’appellation ambitieuse du « Plan Maroc Vert », rebaptisée à présent, à partir de 2021 « Génération Green 2020/2030 », bat de l’aile face aux exigences alimentaires dont le Maroc est censé s’approprier, à même de parer de manière effective, à l’autosuffisance escomptée.
C’est un constat amer que nul ne peut occulter ni contester, sans aucune surenchère ni dramatisation grincheuses, à l’égard des efforts déployés en direction de la satisfaction des pénuries constatées. Comment alors expliquer qu’une nation à vocation agricole par excellence, tel que la nôtre, ne parvienne nullement à nourrir ses concitoyens ou tout au moins, réduire l’importation quasiment abondante des produits alimentaires, de toutes sortes? Il y aurait certainement anguille sous roche, en face de la dichotomie alimentaire qui, en fait fragilise voire fustige ce « programme agricole » à l’adresse duquel un fonds colossal a été injecté.
Il devrait alors être convenu que le revers essuyé à ce propos, ne fait pas de doute, car il relève désormais d’un gâchis national qu’il est judicieux de remettre en question, sans tenter de « cacher les rayons du soleil par un tamis ! », comme dirait l’adage de chez nous. Il va sans dire que cette « politique agricole » s’est exagérément focalisée sur l’export, aux beaux yeux des lobbys terriens, sans trop se soucier de la petite paysannerie ni approvisionner en suffisance et au respect des petites bourses du marché local.
Il est également insensé d’occasionner l’instabilité sociale, à travers des disparités alimentaires dont la flagrance exaspère les populations, en quête de la justice et la quiétude, en matière de nourriture au quotidien. La souveraineté alimentaire n’est guère un slogan creux qu’on arbore sur la scène publique, mais une volonté ferme de répartir les ressources alimentaires en toute équité et instaurer, pour ce faire, une stratégie agricole féconde et populaire…

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