Culture

A vrai dire: La chose religieuse

Saoudi El Amalki

Encore une fois, la veillée religieuse consacrée à la commémoration de la « nuit du destin » fut, de bout en bout, une démonstration cultuelle de pure spiritualité, majestueusement animée par le Souverain, dans le fabuleux Trône flottant, baptisé de son Auguste Père. Au-delà de la fluidité rituelle que renfermait ce moment de piété et de vénération divines, il est à relever la solennité de l’acte théologique, épris de modération, dans un univers plutôt emporté par la hargne et l’intolérance… De sitôt, le pays s’est résolument abstenu de donner libre cours de l’aspect religieux à qui que ce soit, le confiant en exclusivité aux prérogatives du « commandeur des croyants ». Un choix hérité de la généalogie ancestrale des ères dévotes, mais aussi de l’attachement de la nation à l’adoration religieuse, dépourvue de la pratique dévergondée et dérapante… En dépit de l’intrusion de certaines manies dépravées de la religion, menées tambours battants, par des fanatiques ouahabistes du proche- Orient, le royaume ne s’est jamais fait contaminer par ces courants de fausse-route religieuse. Sous la clairvoyance des Monarques du Maroc, fort imbus de cette circonspection inédite de la chose théologique, leur descendant en rajoutait certainement cette touche de tolérance progressiste, en parfaite adéquation avec les mutations profondes qui s’opèrent en interne de la société d’une part et, d’autre part, en pleine harmonie avec la proximité laïque de l’Occident. En fait, il faut dire que la conciliation de cette ambivalence relève du génie Royal, de par la pondération spirituelle, mais également de la vaillance morale dont Il a fait constamment preuve durant le quasi-quart de siècle de règne. Le Maroc a toujours gardé cet équilibre sociétal et assuré cet acheminement progressif et serein vers l’Etat de la modernité auquel il aspire et où la gestion publique serait dissociée de celle du diktat religieux, tout en maintenant les fondamentaux des valeurs de la théologie, tel qu’ancrées dans le patrimoine identitaire national. Il importe de constater que, grâce à cette approche marquée par le sens de la mesure prôné par notre pays, cette transition aurait de fortes chances de se mettre en place, sans jamais verser dans l’impiété ni le dérapage. Il convient aussi d’apprécier que le maintien en permanence des traditions religieuses, telles les compétitions de mémorisation, de psalmodie et de déclamation du Saint Coran, tout en primant les lauréats, témoigne de ce désir ardent de se faire purifier les âmes et incruster les raisons de préceptes et vertus religieux nécessaires à la vie quotidienne de la société conservatrice. Il est vrai que le foisonnement des lieux de culte un peu partout dans les quartiers des villes et des villages, n’est une chose fortuite, mais il s’insère dans cet entrain non pas uniquement religieux, mais à coup sûr, pédagogique et éducationnel, barrant sans doute, la route aux terroristes de l’Islam politisé qui se faufilent dans les cellules de lynchage sociétal. Cependant, il sera encore plus judicieux de se pencher sérieusement à la sécrétion de l’école publique, à la doter de tous les moyens en termes d’équipement didactique et en staff professoral compétent, en vue de se confronter aux enjeux de démocratie, de justice et de développement dont a besoin la Nation !

          

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