A vrai dire: Des manies surannées
- Saoudi El Amalki
Du haut du pupitre central de l’hémicycle, Khadija Arouhal, députée du PPS, vocifère le refus solennel de son parti contre la constitution de la commission provisoire chargée des affaires de la presse et de l’édition dans le royaume.
Un NIET ferme et sans ambages qui aurait jeté en pâture toute équivoque pouvant mener à l’exégèse douteuse, encore moins à l’abstention. Rigoriste et inflexible sur le principe, la parlementaire argumente, tout au long de son intervention en séance plénière, cette position par des faits on ne peut pas plausibles et sans conteste.
Tout d’abord, elle martèle que le projet de l’Exécutif à ce sujet est dénué de toute solvabilité loyale vis-à-vis de la profession et attentatoire à l’autonomie et à la liberté de manœuvre des professionnels à cet égard.
Puis, cette atteinte « abjecte », enchaîne-elle, tente de mettre en cause les acquis démocratiques de la Nation, fondés sur le libre-choix des acteurs du secteur, à travers des générations de lutte menée par des figures de proue de ce domaine sociétal de haute vitalité.
En s’immisçant de la sorte dans les attributions exclusives et spécifiques à ce que l’on qualifie communément de « quatrième Pouvoir », le gouvernement donne la preuve d’un « totalitarisme » révoltant, par le biais de son département de tutelle auquel les abécédaires des fondements et valeurs du métier échappent complètement.
Le corps de la presse et de l’édition est assez majeur et vacciné pour débattre de ses propres problématiques qui peuvent se présenter à la gouvernance parmi ses instances.
Cette « intrusion innommable » ne peut s’expliquer donc que par le fait que l’Exécutif a bien l’intention de « bâillonner et asservir » à son bon vouloir un secteur sensé évoluer dans la liberté d’expression, de gestion et d’action au sein d’une société digne.
En fait, de par cette « ingérence » qui ne dit pas son nom, l’Exécutif, tout auréolé de pouvoir faire passer ce triste projet au décompte des voix, large majorité oblige, ne se rend pas compte qu’il est en train de piétiner les textes en vigueur de la constitution et d’éclabousser sans vergogne, l’image de marque de la Nation pluraliste et résolument tournée vers les vertus irréversibles de Démocratie et d’Emergence.
La différence numérique dont il se targue ne saurait dissimuler sa «gaucherie» inouïe à tâter le pouls des intervenants de la profession et à faire suite à leurs doléances émanant de la connaissance des rouages du métier et confortées par le parcours d’instances successives au lendemain de l’indépendance, à la tête desquelles évoluaient des leaders patentés tels Mohamed Lyazghi, Mohamed Larbi Messari ou encore Ali Yara…
Comment un ministre de la communication auquel le domaine fait affreusement défaut, peut-il se payer aujourd’hui, le luxe d’y fourrer le nez et de s’ériger en donneur de leçon ?
Le comble c’est que l’on résiste toujours aux mutations qui s’opèrent au sein de la société et ses forces actives, à travers des méthodes souvent obsolètes !
Antonio Gramsci, le fameux intellectuel organique italien, disait un jour à ce propos : « Il y a crise quand l’ancien monde ne veut pas mourir et que le nouveau monde ne veut pas naître ! ».
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