A propos du carnaval Biyelmaoune d’Agadir..Une manifestation à repenser et revisiter !
- Saoudi El Amalki//
De prime abord, il faut bien dire que l’initiative ne peut être qu’un plus dans la dynamique de la série de festivals dont regorge la région Souss Massa. Il ne serait pas question de déprécier l’effort collectif, encore moins de minimiser l’esprit créatif qui avait émaillé cette festivité à laquelle se sont greffées des dizaines de bénévolats avec liesse et engouement. Là-dessus, on ne peut être que reconnaissant des élans positifs qui ont marqué de bout en bout, cet édifice culturel et patrimonial, pour ses annonces embryonnaires.
Donc, loin de nous toute intention de tenter de saper ce nouveau-né fœtal, ou encore de jouer les troubles-fêtes ! Nonobstant, il serait nécessaire de porter certaines observations sur sa conceptualisation et sa structuration confiées sans doute, à un staff plutôt académicien, dans la seule préoccupation de contribuer à relever la qualité de la prestance. Tout d’abord, à mon humble sens, il serait encombrant et redondant pour une région dont certaines composantes sont proches l’une de l’autre, de proposer à ses populations quasiment la même festivité à des intervalles temporelles, de courte durée.
En conséquence, il serait judicieux de réunir les deux carnavals en un seul et inviter la totalité des intervenants à se concerter autour du seul projet, avec le même esprit de communion et de mutualité. D’autant plus que celui de D’cheira/Inezgane dont la notoriété voire l’exclusivité n’est pas en fait, négligeable pendant des années, sans relâche. Il est vrai que celui d’Agadir arbore cette dimension internationale dès la première manche, plus spécialement au niveau des conférences scientifiques dont les thèmes soulevés furent d’un grand intérêt, à la fois comparatif à d’autres carnavals et cognitif en termes de connaissances épistémologiques.
Mais, cet aspect universel pourrait également enrichir la concentration des deux manifestations en une, car la première qui a certainement fait ses preuves n’a jamais ambitionné de mondialiser la sienne. Ceci étant, il serait loisible de se poser une réflexion de fond sur ce carnaval, avec toute honnêteté et sans aucun parti-pris, à savoir que le carnaval pêche par un manque de rigueur et d’intransigeance en matière de choix d’acteurs et d’accessoires participants. Si le carnaval émane d’un concept à connotation de tradition et de culte, il serait exclu de tolérer toute intrusion hétéroclite dans la parade qui revêtirait souvent, une bizarrerie insolite et superficielle.
La dispersion saugrenue qui en découle fait perdre au carnaval son âme, son identité et sa thématique. Il va sans dire que les festivals qui réussissent dans le pays et même dans le monde, sont à priori, ceux qui ont su garder leur cachet identitaire, à savoir le festival des musiques sacrées de Fès, le concert de Gnaoua d’Essaouira…De même, s’agissant du 7 ème art, on retiendra, le festival du cinéma africain à Khouribga, le festival méditerranéen à Tétouan, le cinéma féminin à Salé, le festival Agadir cinéma et migrations…
Même le festival Timitar qui a pour slogan « La musique Amazigh invitent la musique du monde », n’a jamais eu une réelle thématique bien spécifique, ainsi que le festival Maouazine de Rabat non plus, qui font appel tous les deux à des chanteurs pêle-mêle de touts bords, sans thème ni fil conducteur qui unifie et harmonise les shows en « unité de sujet ».
Il ne suffit pas de recourir à des stars de musique, en pleine période estivale et se réjouir des affluences accrues, réunies au théâtre de verdure, pour assurer le succès et la pérennité d’une manifestation sans âme ! En voici donc, ces quelques constatations à l’issue de ce carnaval qui, faut-il bien le rappeler, a régalé les visiteurs et les résidents et fait sensation pour sa première édition.
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