
C0P 30 : les expériences des pays autochtones mises en évidence
Interview sur la COP30 qui avait eu lieu à Belém au Brésil COP30 COP DES PEUPLES
Réalisée par Agadirtoday
En marge de la COP30 qui a eu lieu au Brésil, Agadirtoday a eu le plaisir de réaliser une interview avec Mohamed Handain, membre du comité de la COP, spécialiste du climat en Afrique et Président de la Confédération des Amazighs du sud, sur les différentes thématiques abordées ainsi que sur les différentes conventions signées.
- Que représente la COP?
En 1992 la communauté internationale a organisé un sommet appelé « sommet de la terre » à Rio de Janeiro au Brésil pour discuter des problèmes du Globe en l’occurrence la pollution, l’ozone, la protection de nature, ainsi que l’établissement d’un agenda large et un nouveau plan pour l’action internationale sur les questions d’environnement et de développement. Le sommet s’est soldé par la signature de trois conventions relatives à l’avenir de la Terre : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) la Convention sur la diversité biologique (CDB), et de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD).
La convention du changement climatique se tient chaque année, tandis que les deux autres conventions se tiennent tous les deux ans.
La convention CCNUCC semble plus importante et se tient chaque année pour discuter de la mise en œuvre des décisions de Rio, et comme la convention est contraignante les COPs discutent sur les modalités juridiques pour l’application de cette convention. Le premier accord était le Protocole de Kyoto, signé le 11 décembre 1997, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) responsables du changement climatique qui a pris fin en 2012. Le dernier accord est celui de l’accord de Paris signé en 2015 qui est le cadre actuel des négociations.
La première COP1 avait lieu en 1995 à Berlin en Allemagne, et après 33 ans le monde est revenu au Brésil sur le même sujet. Depuis toutes ces trois décennies de négociations peut-on parler d’un bilan positif ?
- Peut-on parler d’un avant et après COP30?
Durant ces trois décennies, les négociations se focalisent d’abord sur la définition des parties responsables des GES. Le protocole de Kyoto a défini généralement les pays industriels qui sont responsables du changement climatique à travers l’utilisation des énergies fossiles. Après il fallait encore définir le taux et la durée de l’industrialisation des pays concernés par les GES. Actuellement la Chine, les USA et l’Inde sont à la tête suivie par des pays européens. Cependant même si la Chine est le pays le plus polluant, il faut prendre en considération la durée de la polluassions. Cette définition est très importante pour la contribution des parties dans l’agenda de la réduction des GES défini par l’accord de Paris. Le montant défini par les dernières COPs est de 100 Milliards de dollars par an.
Entre ces grands pays pollueurs, il existe des pays du tiers monde qui subissent les effets du changement climatique sans être responsables, la raison pour laquelle les négociations ont forgé un nouveau terme : « les dommages et les pertes » dûs aux effets du changement climatique. Les pays déjà mentionnés doivent rendre en charge ces dommages et les pertes des pays touchés par ces effets. Les pays impactés surtout en Afrique, demandent plus de l’aide climatique pour faire face à ce fléau. Un autre problème plus épineux est apparu durant la COP23 en 2016, il s’agit des problèmes des îles insulaires menacées par la disparition à cause de la montée des eaux et c’est ainsi qu’on parle de l’immigration climatique. L’immigration causée par les effets du changement climatique.
Donc pour réduire ces EGS responsables du réchauffement climatique, il faut établir un agenda de transition énergétique pour passer de la période des énergies fossiles à celle des énergies renouvelables.
Réussir la transition énergétique demeure l’objectif principal de l’accord de Paris, et depuis 10 ans de cet accord, les pays ne sont pas arrivés à un compromis. Les pays productifs du pétrole essayent de s’accaparer les COPs pour pouvoir orienter les négociations vers un accord plus souple sur les énergies fossiles. C’est la raison pour laquelle les Emirates Arabes Unies a organisé la COP28 en 2023 et elles ont réussi à retarder un accord sur ce point, suivi de la COP29 organisé par Azerbaïdjan, le premier pays producteurs du pétrole du Caucase qui a joué la même gamme.
COP31 « COP des peuples »
La COP30 qui a eu lieu à Belém au Brésil était un grand espoir de trouver un consortium sur l’agenda de transition énergétique. Soutenu par la géographie et la forêt de l’Amazone poumon de la Terre, porteur de l’héritage du sommet de Rio, ainsi le charisme du président Lola, tous ces atouts n’ont pas influencé les négociations de la COP. L’Arabie Saoudite, championne de l’énergie fossile, n’a manqué aucune réunion pour prendre la parole et faire croire aux représentants des pays qu’elle n’est pas encore prête à soutenir la proposition de l’Union Européenne de fermer les puis de l’énergie fossile d’ici 2050. Ce pays arabe est soutenu par les pays du Golf, l’Inde et le silence de la Chine, en un mot, tous les pays du Brix. Enfin, malgré l’intervention du président Lola, la déclaration finale est sortie sans aucune allusion aux énergies fossiles, et c’est ce qui a provoqué une douche froide au sein de la COP et une grande déception des pays européens, ainsi que les militants de la société civile.
Constat : il n’Y aura pas un après COP30 !

- Quel est le rôle de la société civile et les peuples autochtones dans les négociations ?
La convention CCNUCCC a listé neuf groupes majeurs comme observateurs permanents qui peuvent assister aux négociations des COPs et parmi lesquels des peuples autochtones. L’accord de Paris qui est le cadre et la feuille de route de la mise en œuvre de la lutte contre les effets du changement climatique. Il mentionne l’importance des peuples autochtones et leur rôle déterminant dans l’adaptation et l’atténuation contre les effets du réchauffement climatique. Les études qui ont été faites par le GIEC ont confirmé que les savoirs traditionnels des peuples autochtones sont incontournables dans le combat contre le changement climatique. Les expériences accumulées depuis la nuit des temps par ces peuples ont montré une gestion durable de la nature extrêmement remarquable. Au Maroc par exemple le système de Tanast pour la distribution de l’eau dans les espaces de rareté et la pénurie de l’eau, ainsi que le système d’Agdal, le plus ancien système des aires protégés qui respecte la biodiversité, et le système des Igoudar qui est un système de la gestion des stocks de production dans des conditions, permettent de protéger les produits et les récoles pendant plusieurs années et de garantir l’alimentation de la population dans des périodes des disettes. Tous ces systèmes sont très importants, sans parler des savoir-faire de la médecine traditionnelle que l’OMS a considérée comme l’une des sources de l’innovation médicale.
Dans ce cadre les peuples autochtones sont toujours invités à participer aux négociations, cependant leur présence n’est pas toujours la bienvenue par des Etats. La plus part des Etats africains sont réticents envers le terme « peuples autochtones » et préfèrent utiliser le terme « communauté locales » mais les représentants des peuples autochtones soutenus par quelques pays de l’Amérique latine se basent sur des arguments juridiques des Nations Unies comme l’accord de Paris et la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones pour faire avancer leurs recommandations et les insérer dans les documents des négociations pour les adoptés.
Ces dernières années, la sensibilité des pays envers le terme « Peuples Autochtones » comme la Chine, la Russie et par fois la France a connu une certaine tolérance, suite à la stratégie du mouvement autochtone mondial qui préfère le dialogue avec les gouvernements que la radicalisation. En Afrique la position des pays a évolué généralement selon les pays, comme la RDC le gouvernement qui a promulgué une loi de reconnaissance des peuples autochtones, la même situation au Botswana et l’Afrique du Sud. Le Maroc se dit que les Marocains sont tous des Autochtones, des Amazighs à plusieurs cultures et langues. Dans les négociations le Maroc est doté d’une constitution qui reconnut la langue amazighe comme langue officielle ainsi que l’identité et la culture amazighe. En 2023 le représentant du Maroc à l’Instance Permanente des Nations Unies sur les questions des peuples autochtones a pris la parole en saluant les participants par la langue amazighe, puis il a présenté les efforts des Maroc dans le domaine de l’Amazighité et cela a produit une énorme satisfaction non seulement au sein du mouvement amazighe mais aussi comme un modèle de la résolution pacifique des problèmes linguistiques et culturelles dans le continent africain.
Même si la COP30 n’a pas atteint les objectifs ambitieux des peuples autochtones, de la société civile et des pays qui sont sortis de la zone grise, comme les pays européens, les négociations se sont bien avancées dans plusieurs domaines comme celui de l’investissement. Les banques mondiales FMI, BM, le FONND VERT, GEF, ne financent plus les projets des énergies fossiles et encouragent les autres projets de l’économie verte, et renforcent les capacités de la population au niveau de la sensibilisation pour la prise de conscience sur l’avenir de notre TERRE. Il y a un bilan positif qui devrait être avancé dans la prochaine COP qui aura lieu en Turquie en coprésidence avec l’Australie.
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