
Le documentaire au service de la reconstruction de la mémoire
Le programme “Conversations” du Festival International du Film de Marrakech a clôturé ses activités par une rencontre avec les réalisatrices marocaines Karima Essaïdi et Asmae El Moudir, qui ont exploré leurs approches du cinéma documentaire, convergeant dans la reconstruction de la mémoire à travers l’exploration des archives familiales et publiques.
Lors de cette rencontre, animée par la critique Sarah Ouazzani, les deux réalisatrices ont mis en exergue leurs méthodologies respectives dans le traitement de la mémoire individuelle et collective, le travail sur le temps et les modes de convoquer le passé à travers les archives matérielles ou les témoignages oraux.
La réalisatrice Asmae El Moudir a présenté des extraits de son long-métrage “Kadib Abyad” (Mensonges blancs) et de son court-métrage “Joumoua Moubaraka”, a relevé les difficultés persistantes liées aux archives marocaines.
Son travail fictionnel et créatif commence précisément à partir de cette confrontation avec le manque de documents ou de témoins matériels, ouvrant ainsi des voies alternatives pour façonner le temps passé.
Citant l’expérience de “La Mère de tous les mensonges”, récompensé par des prix internationaux, dont l’Étoile d’or du Festival de Marrakech, Asmae a dit qu’elle aspire à présenter une œuvre à plusieurs niveaux dans la production de sens, qui divertit le grand public tout en s’adressant à un esprit attentif et réfléchi, capable de prolonger le visionnage par une recherche et une réflexion personnelles, en vue d’une appropriation collective du temps et de la mémoire.
Pour sa part, Karima Essaïdi, dont le film “Those Who Watch Over” a été présenté dans la section “Panorama du cinéma marocain”, a exposé sa démarche centrée sur la mémoire et l’exil. Issue d’une famille marocaine établie en Belgique, elle a expliqué avoir toujours trouvé un grand confort dans la salle de montage, en travaillant sur les œuvres d’autres réalisateurs.
L’épreuve d’accompagner sa mère jusqu’à son décès, des suites de sa maladie, a été le déclencheur de son engagement dans le documentaire. C’était une manière de saisir le temps, de préserver le lien mémoriel avec sa mère, tout en reconstruisant sa relation avec son pays.
Bien que les deux réalisatrices s’inspirent de l’histoire personnelle et familiale et se basent sur des expériences limitées dans le temps et l’espace, l’originalité de leur approche réside dans la capacité de ces films à tisser un lien émotionnel avec un large public, qui y retrouve des questionnements et des émotions universels.
Le programme “Conversations” a accueilli tout au long du festival, en plus des deux réalisatrices marocaines, des créateurs venus d’horizons variés, partageant leurs expériences et visions artistiques et intellectuelles avec un public de passionnés du septième art. Il s’agissait notamment du réalisateur coréen Bong Joon-ho, du réalisateur, scénariste et producteur mexicain Guillermo Del Toro, du réalisateur et scénariste australien Andrew Dominik, ainsi que de l’acteur américain Laurence Fishburne.
Ont également été présents l’actrice et réalisatrice américaine Jodie Foster, double lauréate de l’Oscar de la meilleure actrice, le réalisateur, scénariste et producteur indien Karan Johar, Bill Kramer, directeur général de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, l’institution qui décerne les Oscars, ainsi que l’actrice et réalisatrice libanaise Nadine Labaki, le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho et le réalisateur iranien Jafar Panahi.
La section s’est également enrichie de la participation de l’acteur français Tahar Rahim et de l’actrice égyptienne Yousra, ainsi que d’un dialogue en duo réunissant l’actrice franco-belge Virginie Efira et l’Italo-française Chiara Mastroianni.
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