Culture

Le Prix de l’Agence décerné à Mohamed Haddadi

Le Prix de l’Agence de Presse décerné, lundi soir à Rabat, dans le cadre de la 23e édition du Grand Prix national de la presse, a été remporté par le journaliste Mohamed Haddadi de l’Agence Maghreb Arabe Presse (MAP).

Mohamed Haddadi a reçu le prix pour son article “Le chapelet, vedette incontestée des cadeaux offerts par les pèlerins”.
Ci-après l’article primé :
ArabieSaoudite-religion-Hajj

Le chapelet, vedette incontestée des cadeaux offerts par les pèlerins

.==Par Mohamed Haddadi==.
Jeddah, 13/06/2025 (MAP)- Haj Abdellah a arpenté les allées du marché populaire et animé d’Al-Bawadi, au cœur de la ville de Jeddah, avant de s’immobiliser soudainement devant une boutique spécialisée dans la vente des chapelets.

Entre hésitation et perplexité, ses yeux s’illuminent au gré des ondoiements des couleurs, de la variété des formes, de la qualité des matériaux, allant des pièces coûteuses aux plus simples et abordables. Lequel des chapelets peut-il s’offrir ?

Le pèlerin marocain, la cinquantaine, tient à profiter de la douceur du soir naissant, lorsque la chaleur devient plus clémente entre les prières du Maghrib et du Ishae, pour acheter quelques cadeaux à sa famille et à ses amis, avant son départ des Lieux Saints, au terme de la saison du Hajj 1446 de l’hégire.

Mais son hésitation le clouait sur place, jusqu’à ce qu’un vendeur vienne lui apporter quelques explications susceptibles de dissiper sa confusion.

Le chapelet est sans conteste l’étoile qui brille au firmament des cadeaux des pèlerins. Précieux ou modeste, il condense des significations spirituelles profondes. Bien qu’il ne soit constitué que de grains reliés par un fil, il occupe une place affective particulière dans les cœurs.

Pour ceux qui le reçoivent, proches ou amis, il incarne une sorte de bénédiction et un signe de bon augure d’être un jour gratifiés, eux aussi, d’une visite aux lieux les plus chers aux croyants.

Pour certains, le chapelet apporte à la main une fine élégance qui s’exprime par le glissement lent et saccadé des grains entre les doigts, avec une certaine prestance, au rythme de l’évocation d’Allah. Les cliquetis de ses perles se mêlent alors aux paroles de glorification et d’exaltation du Très-Haut, comme si les lettres de la piété vibraient sur les cordes du cœur.

Quel qu’en soient les formes, les prix ou les matériaux utilisés dans sa fabrication, le chapelet demeure l’un des cadeaux les plus prisés que ramènent les pèlerins et les visiteurs des lieux saints : un souvenir valorisé pour sa charge spirituelle, car porteur d’une bénédiction éternelle.

Les chapelets font ainsi partie des présents incontournables dans les bagages des pèlerins de retour du Hajj, indépendamment de leurs moyens ou de leurs origines culturelles.

Fait de pierres précieuses (émeraude, perle, corail) ou de matériaux simples comme le plastique, le bois ou le verre, le chapelet conserve sa symbolique et sa valeur essentiellement spirituelle, liée à l’évocation du Créateur, à la dévotion et à la piété. Sa valeur est d’autant plus élevée qu’il provient de La Mecque ou de Médine.

Un chapelet se compose généralement de 99 grains avec deux séparateurs, chaque série comprenant 33 grains et un repère. Il en existe aussi des modèles de 33 grains, avec deux séparateurs, contenant chacun 11 grains et un repère. Les artisans veillent à ce que les grains soient de taille adéquate et faciles à manier entre les doigts.

De nombreux facteurs déterminent le prix d’un chapelet et sa valeur sur le marché. Le premier est la matière première utilisée : plus elle est rare, comme l’ambre, les pierres précieuses ou les métaux nobles tels que l’or ou l’argent, plus le prix est élevé.

La précision de la fabrication et du design joue également un rôle. Les chapelets faits main nécessitent plus de temps, de savoir-faire et de maîtrise artisanale, par rapport à ceux fabriqués de manière mécanique avec des matériaux bon marché, comme le plastique.

Certains développent une véritable passion pour la collection des chapelets, notamment les plus précieux d’entre eux. Cet engouement les transforme souvent en experts capables de distinguer les modèles authentiques des imitations.

Ils recherchent sans cesse les pièces rares, celles fabriquées à partir de matériaux onéreux ou possédant une valeur culturelle ou spirituelle particulière, surtout lorsqu’elles sont considérées comme bénies ou qu’elles ont appartenu à des personnalités connues pour leur piété.

Sur le plan économique, la valeur du marché des cadeaux achetés par les pèlerins et les visiteurs pendant le Hajj et la Omra est estimée à environ 30 milliards de riyals (8 milliards USD), selon le Forum saoudien du voyage et de l’investissement touristique.

Les chapelets et les tapis de prière représentent environ 40 % de l’ensemble des cadeaux achetés pendant la saison du Hajj.

L’importance économique de ce marché est perceptible par l’afflux massif de pèlerins et de visiteurs vers les boutiques, que ce soit à La Mecque, à Médine ou à Jeddah, pour acquérir des cadeaux dont les prix et les types varient selon les préférences et les moyens de tout un chacun.

Bien que beaucoup continuent de préférer le chapelet traditionnel, – fabriqué de manière artisanale à partir des plus nobles matières naturelles comme l’ambre, le corail ou la turquoise-, pour la douceur de son toucher naturel et l’élégance qu’il confère à la main, d’autres sont séduits par les avantages de la technologie qui a envahi tous les aspects du monde moderne.

Tout comme elle a pénétré tous les domaines de la vie, la révolution technologique s’est frayé un chemin jusque dans la confection des chapelets. Il est ainsi de plus en plus courant de voir entre les mains de certains de petits chapelets électroniques que les fabricants s’ingénient de promouvoir pour conquérir une part du marché.

Le chapelet électronique est un petit gadget léger, qui peut se tenir entre deux doigts seulement. Il est muni d’un écran et d’un compteur numérique qui enregistre le nombre de formules de glorification (tasbîh). Il a l’avantage de permettre à son utilisateur de visualiser le nombre des invocations, l’aidant ainsi à ne pas oublier où il en est, afin d’éviter le cas échéant de recommencer à zéro.

Il existe également des chapelets électroniques sous forme d’applications téléchargeables sur téléphone portable, proposant un large éventail d’options. Leurs adeptes estiment qu’ils permettent une meilleure concentration, sont un outil idéal pour compter les formules de glorification et évitent le stress lié à l’incertitude sur l’avancement du décompte.

Cependant, d’aucuns estiment que ces gadgets électroniques, aussi perfectionnés soient-ils, ne sauraient rivaliser avec la valeur singulière des chapelets traditionnels, avec toute la charge culturelle et spirituelle qu’ils renferment.

Outre le fait qu’ils ont besoin d’être rechargés ou de changer de batterie, ils n’ont pas la valeur matérielle liée aux matières rares et luxueuses utilisées dans la fabrication du chapelet traditionnel.

Certains croient même que le chapelet traditionnel est doté d’une certaine “bénédiction” qu’aucun appareil électronique, aussi précis soit-il, ne saurait supplanter. A leurs yeux, le chapelet traditionnel est imprégné d’une forte charge symbolique qui, en tant que passerelle entre le passé et le présent, plonge ses racines profondément dans l’histoire et la culture musulmanes.

Il va sans dire que les cadeaux des pèlerins ne se limitent pas aux chapelets. La gamme comprend également les tapis de prière, les maquettes des deux Lieux saints de l’Islam, les dattes, ainsi que divers tissus et parfums, en particulier les parfums orientaux, sans oublier les objets artisanaux ou les figurines portant des images de la Kaaba ou de la Mosquée Al Haram.

Après cette digression sur les chapelets, la conversation entre Nassim, le vendeur yéménite, et le pèlerin marocain Haj Abdellah a tout naturellement bifurqué vers leur passion commune : le football et, (contexte oblige !), les performances remarquables du gardien de but marocain Yassine Bounou dans le championnat saoudien.

Chemin faisant, Haj Abdellah s’est progressivement débarrassé des hésitations de départ : il a fini par acheter un ensemble de chapelets. Selon lui, ils sont plus légers que les autres cadeaux et ont un impact plus fort sur les proches.

Il en choisit plusieurs dizaines, de modèles différents, mais en accordant une attention particulière à la précision et à la qualité d’autres plus beaux et plus raffinés : ceux-ci seront offerts aux plus proches, aux plus intimes.

 

          

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