À Vigo, le sommet Global 2025 décortique les principaux défis de l’heure

Une parterre d’experts internationaux s’est réuni mercredi et jeudi à Vigo, dans le nord-ouest de l’Espagne, pour débattre des principaux défis économiques et technologiques de l’époque actuelle. De la géopolitique à l’économie mondiale, en passant par la transformation numérique et la cohésion sociale, ce sommet international a mis en lumière les incertitudes du monde contemporain.

Organisé par le Consorcio Zone Franche de Vigo sous le thème “Diriger et transformer l’économie”, Vigo Global Summit 2025 a rassemblé des intervenants de renom, dont les prix Nobel Daron Acemoglu (économie 2024) et Dmitry Muratov (paix 2021), ainsi que des experts tels que l’analyste internationale Alicia García, le politologue chinois Brian Wong et l’économiste María Lorca Susino.

Les débats se sont structurés autour de deux grands axes : la géopolitique et la géoéconomie, mettant l’accent sur les crises des chaînes d’approvisionnement, les tensions internationales et la transition énergétique, la transformation digitale et les nouveaux modèles de travail, l’intelligence artificielle (IA) et l’innovation technologique.

À l’ouverture du forum, le délégué du gouvernement pour la zone franche de Vigo, David Regades, a appelé à une réflexion collective pour trouver des certitudes dans un monde incertain, soulignant que ce sommet se veut une plateforme d’échange entre experts et acteurs publics et privés sur les enjeux économiques et technologiques contemporains.

L’ancien président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso, a quant à lui insisté sur la nécessité pour l’Europe de renforcer sa défense et sa compétitivité face à d’autres puissances mondiales. Il a mis en garde contre une perte de compétitivité technologique qui pourrait marquer l’Europe de manière durable, notamment dans des domaines clés comme l’intelligence artificielle.

Le prix Nobel d’économie 2024, Daron Acemoglu, a livré une analyse nuancée de l’impact de l’IA sur l’économie mondiale. Selon lui, l’intelligence artificielle possède un potentiel de transformation comparable à celui de l’électricité, mais ses effets sur la productivité et la croissance seront progressifs et dépendront de réformes profondes dans l’organisation du travail.

Il a averti, à cet égard, contre une automatisation excessive qui risquerait d’accentuer les inégalités et de nourrir le populisme. Pour lui, l’IA doit être conçue pour renforcer les capacités humaines et soutenir les PME, souvent à la traîne dans l’adoption des technologies avancées.

Le prix Nobel a insisté sur le développement d’une intelligence artificielle “pro-travailleur” plutôt qu’automatisante, afin d’éviter tensions sociales et risques pour les démocraties. L’utilisation actuelle de l’IA pour remplacer le travail humain, a-t-il expliqué, creuse les inégalités entre détenteurs de capital et salariés, pouvant provoquer des troubles sociaux et éroder la confiance dans les institutions. L’IA devrait avant tout assister les professionnels, en leur permettant de résoudre des problèmes complexes et de générer un gain réel de productivité, a-t-il estimé.

Les autres intervenants ont abordé notamment l’économie numérique, en prônant une approche éthique et humaniste de l’innovation, notant que l’IA devait devenir un levier de prospérité partagée, et non une menace pour l’emploi.

Les débats ont aussi exploré le pouvoir à l’ère de l’ingérence globale fragmentée, le rôle des institutions dans la prospérité des nations, l’influence des réseaux sociaux et les contrepoids de la politique internationale.

Un moment inspirant a été offert par Carolina Marín, championne olympique et lauréate du Prix Princesse des Asturies 2024, qui a partagé son expérience de résilience après une grave blessure aux Jeux de Paris 2024.

Pour les organisateurs, cette deuxième édition du Vigo Global Summit confirme la vocation du forum à devenir un carrefour stratégique européen, où économie, technologie et géopolitique se rencontrent, et où se proposent des solutions concrètes face aux incertitudes mondiales.