
A vrai dire: Inégalités régionales
- Saoudi El Amalki
Le fait que notre pays opte pour une gestion régionale avancée, est une approche judicieuse, dans le souci de décentraliser les pouvoirs et de déconcentrer le territoire national.
Une option encore dans son état embryonnaire, mais, au fur et à mesure, la gestation prend forme, avec l’expertise et le cumul fonctionnels.
Les assises nationales sur la régionalisation que notre pays avait déjà tenues à Agadir, il y a juste quelques années, plus exactement en 2020, en était une halte de faire le point sur l’état d’avancement de cette démarche, fondée sur la délégation des pouvoirs centraux aux acteurs administratifs et représentatifs des régions.
Une opportunité également pour mesurer le degré d’assimilation et d’application du nouveau concept de gouvernance digne des nations résolument engagées dans le processus démocratique.
On conviendra que les douze régions du royaume, telles qu’elles sont conçues et délimitées aujourd’hui, renferment des dysfonctionnements, des déficits et des déséquilibres socioéconomiques qui ralentissent leur évolution.
Dans bien des zones, le déphasage est criard à plus d’un titre, car justement, les donnes sont divergentes et sont censées se compléter et s’harmoniser.
Il est bien évident que les découpages entrepris, il y a plus d’une décennie, répondaient à des exigences qui n’étaient pas forcément les mêmes qui prévalent à présent, à l’aune des mutations profondes survenues dans les champs géostratégiques et politiques du pays.
Il s’avère aussi bien clair que l’expérience régionale cumulée, quoiqu’étriquée, fœtale et balbutiante, a permis présentement le passage fluide et serein à une phase régionale avancée, prônée, sous l’impulsion effective du Souverain et relayée à bras le corps, par toutes les constituantes de la société marocaine.
Certes, cette transition notoire est maintenant dictée beaucoup plus par les développements actuels de la question de l’intégrité territoriale, au vu de l’autonomie adoptée et appréciée dans la scène internationale, que par une simple volonté de mise en place d’une régionalisation accélérée et précipitée.
Toutefois, on s’accordera à dire que nombre d’indicateurs aussi plausibles qu’incitateurs soutiennent fortement cette démarche qui ne fait, en définitive, que consolider les acquis considérés comme une plate-forme pour des réalisations encore plus concrètes.
D’autant plus que les concepts de décentralisation et de déconcentration ne sont pas, jusqu’ici, matérialisés dans les faits, comme ont toujours prétendu les pouvoirs centraux.
En dépit des slogans et des textes, si peu généreux soient-ils, Rabat s’accapare quasiment la totalité des pouvoirs, en termes procédurier, pécuniaire et décisionnel, de par la fameuse tutelle accaparante.
La nouvelle conception régionalisante, sans vouloir être ni trop régionaliste ni rébarbative, tentera d’abord de fédérer les éparpillements, repenser les cohérences et activer les émulations.
Il est, en effet, impensable qu’une région comme Souss Massa qui s’érige en pôle économique de premier ordre et s’en trouve, bizarrement, au bas de l’échelle de la pauvreté et de la précarité.
Aussi bien les pêches maritimes, l’agriculture que le tourisme qui forment les assises fondamentales de l’économie nationale, la région SM n’en profite que peu en matière de revenus aux populations et aux aménagements du territoire, bien qu’elle occupe une place de choix dans cette triplette économique.
Il y a donc défaillance flagrante au niveau de la répartition des richesses que seule une régionalisation saine et juste pourrait rectifier, dans l’équité et le mérite.

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